Malgré les partitions sévères que nous jouent les experts en pédanterie du septième art et quelques défauts indéniables du film, le retour des Trois Mousquetaires sur le grand écran signe également celui du grand cinéma français populaire. Et bien plus encore.
Si l’auteur de cet article s’est permis de s’adonner exceptionnellement à une critique cinéma, exercice abandonné il y a plusieurs mois par manque de temps, c’est bien que le sujet en valait la peine. Visionner une telle œuvre en un dimanche plus gris que gris, de ceux où la fête est finie, s’est avéré idéal pour en déceler tout le potentiel rééchanteur. Ces longs métrages rassembleurs qui élèvent tout en divertissant et qui marient divers talents manquaient à l’appel ces derniers temps. La période actuelle où s’enchaînent les crises de toutes sortes en avait peut-être besoin.
Vrais décors mettant en lumière la beauté du patrimoine français, costumes et chorégraphies magnifiques, intrigues entremêlées à la manière d’un thriller, chœurs à faire fendre le cœur, humour bien dosé à la frontière de l’absurde et du familial, utilisation délicate du texte d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan, proposé par Pathé avec une suite prévue pour juin et centrée sur le personnage de Milady, est un film de cap et d’épée pur jus, mais comme magnifié. On en ressort en ayant non seulement passé un bon moment, mais vibré devant cette France du XVIIe, ses enjeux politico-religieux, ses mousquetaires, ses personnages historiques incarnés par d’excellents acteurs.
Une aventure collective
François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï, qui campent les quatre mousquetaires, se sont d’ailleurs entraînés cinq mois durant à monter sur des chevaux et manier leurs armes, comme l’a expliqué le producteur Dimitri Rassam sur le plateau de Léa Salamé. Le film a été tourné pendant 145 jours en décor réel – plus de 90% du long-métrage a été filmé en France. On sent l’aventure émotive et collective que cela a dû être pour l’équipe autant que pour le public. Certaines séquences, comme celles du procès et du mariage, sont à couper le souffle par leur force dramatique.
Alors oui, cette énième adaptation du roman à la portée planétaire décevra forcément les spectateurs qui en connaissent déjà le contenu. Mais c’est un fait banal: quelqu’un de déjà informé sur certaines caractéristiques d’une œuvre sera forcément moins surpris en les retrouvant au moment de découvrir l’œuvre que quelqu’un qui n’en a pas connaissance. D’ailleurs, la réalisation de Martin Bourboulon ne se contente pas de reprendre le gros de cette histoire que beaucoup ont en tête, il y mêle certaines sous-intringues bienvenues – et quelques légèretés, voire erreurs (comme celle du chapelet légué par un protestant), qu’on lui pardonnera bien volontiers. Car c’est l’esprit qui se dégage de ce grand voyage qui en fait toute la saveur. Courez, vous avez encore quelques jours.
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com
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