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Littérature

Critique

Une BD qui ne tremble pas4 minutes de lecture

par Quentin Perissinotto
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San Francisco 1906 © Fabrice Meddour

Le duo Damien Marie, au scénario, et Fabrice Meddour, au dessin, se reforme pour aborder un autre pan de l’histoire américaine. Après les lendemains de la guerre de Sécession dans Après l’enfer, ils reviennent un siècle plus tard avec un nouveau thriller.

S’articulant en deux volumes, avec comme conclusion un second tome prévu pour fin août 2024, San Francisco 1906 mêle à la grande criminalité des figures de l’histoire de l’art et, en toile de fond, l’une des plus importantes catastrophes naturelles du XXe siècle. Difficile de faire plus explosif comme cocktail! Alors qu’Après l’enfer traitait de la Grande Guerre, c’est de la «petite» dont il est ici question: celle des gangs rivaux de la Fog City. Dans le plus ancien Chinatown d’Amérique du Nord, une simple étincelle peut déclencher un véritable brasier entre Italiens et Chinois. Et c’est bien malgré elle que Judith, femme de chambre d’un luxueux hôtel, va se retrouver au cœur des hostilités.

Art et mafia et opéra

Mardi 17 avril 1906 au Palace Hotel; alors qu’elle vient de prendre son service comme tous les soirs, Judith se voit confier un coffret à cigares à apporter dans la chambre du ténor italien Enrico Caruso, en pleine représentation au Grand Theatre Central où tout le gotha de la ville est en train de lui offrir une standing ovation. Une fois le colis déposé et au moment de repartir, elle distingue un mystérieux objet emballé, caché sous les draps de lit. Mais elle n’a le temps que d’entrapercevoir une bribe du paquet qu’un coup s’abat sur l’arrière de sa tête, la laissant sans connaissance. Désormais entre les mains des plus grands criminels et au courant d’un trafic qui aurait dû rester secret, Judith n’aura pas droit aux mêmes honneurs que le chanteur d’opéra…

Ce qui frappe d’entrée à la lecture de San Francisco 1906, c’est l’atmosphère très tamisée, tirant sur le vintage chic, conférée par les coloris monochromes des planches. Et cela ancre de manière directe, mais subtile, la dimension artistique dans ce récit mafieux. Les références au monde de la peinture (Judith décapitant Holopherne par exemple) sont, elles, saupoudrées plutôt qu’affichées ostensiblement, renforçant ce côté dit à demi-mot.

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Le scénario est quant à lui plus attendu et met en place l’intrigue ainsi que les différents personnages plus qu’il n’étourdit le lecteur. Les quelques pages en fin de volume qui reprennent des détails de l’histoire ou des éléments de contexte pour les développer plus amplement sont en revanche une réelle richesse! On prend plaisir à se plonger dans le San Francisco clandestin, mais on est surtout curieux de voir s’emballer les événements dans le prochain tome.

Ecrire à l’auteur: quentin.perissinotto@leregardlibre.com

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Damien Marie (scénario)
et Fabrice Meddour (dessin)
San Francisco 1906
Bamboo Edition
Février 2024
68 pages

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