La richesse de la chanson française (3/6)
Le Regard Libre N° 15 – Jonas Follonier
Après un passage plus musical à travers un album de Michel Polnareff, nous nous intéresserons ce mois-ci aux textes d’un autre chanteur français digne de louanges, Francis Cabrel. Et plus spécifiquement au caractère philosophique des paroles de trois chansons issues de son avant-dernier album, Des roses et des orties, sorti en 2008.
La chanson éponyme débute avec des interrogations existentielles qui se retrouveront dans les deux autres chansons. «Vers quel monde, sous quel règne et à quel juge sommes-nous promis? / A quel âge, à quelle page et dans quelle case sommes-nous inscrits?» Le chanteur tire de ces questionnement une conclusion que je partage, et ce dans le refrain: «On est lourds / Tremblant comme les flammes de bougies. / On hésite à chaque carrefour / Dans les discours que l’on a appris. / Mais puisqu’on est lourds / Lourds d’amour et de poésie / Voilà la sortie de secours.» Ne commentons pas, apprécions.
Le chêne liège, troisième titre de l’album, se veut explicitement philosophique et spirituel. Des paroles transportées par une balade s’inscrivant dans le style de Cabrel expriment sublimement l’espoir d’un Dieu, le doute, ou encore la préoccupation du monde. «Il y a dans nos attelages / Des gens de raison, de courage / Dans tous les camps, de tous les âges / Dont le seul rêve est d’être heureux. / On a dressé des cathédrales / Des flèches à toucher les étoiles / Dit des prières monumentales / Qu’est-ce qu’on pouvait faire de mieux? […] Où êtes-vous dans l’atmosphère? / On vous attend, on vous espère / Mais c’est le doute et le mystère / Que vous m’aurez appris de mieux.» Magnifique.
Enfin, la chanson qui ouvre l’album, La robe et l’échelle, peut être considérée sans risque comme l’une des meilleures créations de Francis Cabrel et même comme l’une des meilleures odes au premier amour que nous ait livrées la chanson française. Comme ce n’est pas notre sujet ici, je vous laisserai vous émerveiller du romantisme de la chanson chez vous, tranquillement; par contre, celle-ci se termine à nouveau par une réflexion mêlant philosophie et poésie:
«Et voilà que du sol où nous sommes / Nous passons nos vies de mortels
A chercher ces portes qui donnent / Vers le ciel.»
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com
Crédit photo: © Nostalgie