Le Regard Libre N° spécial « Ecologie : Pour un revirement intégral » – Loris S. Musumeci
La thématique est passionnelle. Elle questionne, divise, provoque des débats, des mouvements, des négations. Depuis que la crise écologique est posée sur la table des hauts dossiers de la diplomatie internationale, indéniablement, de larges écarts de pensée se sont forgés. Entre autres noms aux résonances des plus loufoques, nous trouvons des climatosceptiques, des climato-réalistes, des «Verts» plus politiques ou de simples militants écolos de tous bords.
Chacune de ces positions compte une part plus ou moins importante d’intellectuels et de chercheurs sérieux. Mais aussi son lot d’absurdités. Des défenseurs de la cause animale sont allés, au nom d’un réveil écologique, jusqu’à remettre en question la place de l’homme sur la Terre tant il serait perturbateur. Ces mêmes activistes ont revendiqué un droit animal s’élevant à égal niveau que celui des êtres humains. Certains d’entre eux s’amusent du reste à coller des bandes de papiers sur des affiches, signalant les criminels «spécistes» que seraient notamment les trois vieillards en habits traditionnels posant pour la publicité d’un fromage. Rire ou pleurer?
Dans l’autre camp, le président Donald Trump, alors qu’il était encore candidat, a déclaré fièrement que le réchauffement climatique était une invention des Chinois pour nuire à l’Occident. En 2013, il avait d’ailleurs déjà émis un tweet non moins délicat à ce sujet: «Global warming is total, and very expensive hoax (canular)!» Rire ou pleurer?
La réflexion et l’action écologiques sont aujourd’hui nécessaires. Comme elles l’ont été de tout temps. Si l’écologie fait tant de bruit désormais, c’est grâce aux travaux scientifiques ayant étudié les effets des bouleversements climatiques dus, ne serait-ce qu’en partie, à une surproduction intenable pour l’environnement. La cause animale, y tenant absolument sa place, s’est imposée suite à des traitements aussi macabres que désordonnés infligés aux bêtes. Ces scénarios apocalyptiques et consternants sont en réalité autant de chances de se réapproprier une relation saine à la nature, dont l’homme lui-même fait partie.
Les réglementations raisonnables pour l’abattage du bétail comme les sensibilisations scolaires au développement durable ou les directives communales imposant le tri des déchets sont une digne avancée. Il faut cependant parvenir à une écologie qui concerne les êtres humains jusque dans leur intimité. Faire attention à ne pas gaspiller trop d’eau ou d’électricité est une bonne chose, mais ne suffit pas. L’écologie se doit d’être intégrale.
Cette pensée s’inspire du pape François dans sa lettre encyclique «sur la sauvegarde de la maison commune», Loué sois-tu. Se mettant dans les pas de saint François d’Assise, il exhorte à l’émerveillement face à la création et aux créatures. «Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe», chantait le saint qui susurrait à l’oreille des animaux.
L’émerveillement porte donc sur la beauté et la simplicité de l’environnement et sur l’attachante fragilité des créatures vivantes. Le nid de l’oiseau mérite du respect parce qu’il est nécessaire à sa survie et a été construit grâce à un labeur conséquent. L’homme est à respecter en son âme et en son corps. Ce qu’il crée à son tour, entretient et transmet, doit être préservé: la langue, l’art, les savoir-faire et tant d’autres grandeurs. Soudain, l’écologie gagne en ampleur; on s’y sent plus concerné. Que notre attitude prenne alors un revirement intégral.
Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com
Crédit photo: © Marina De Toro pour Le Regard Libre