Regard sur l’actualité – Diego Taboada
Le 1er octobre prochain, les Catalans sont invités à se prononcer sur l’indépendance de leur région. Ce référendum décidé unilatéralement par les autorités régionales est illégal et anticonstitutionnel, bien que soutenu par une part importante de la société catalane.
Un bras de fer stérile se joue entre le «govern» catalan et le pouvoir central. Se voyant investis d’une mission salvatrice, les indépendantistes se targuent de représenter le «vrai» peuple catalan opprimé et spolié par l’Espagne depuis des siècles. Passage en force au parlement, non-respect des décisions du pouvoir judiciaire, au nom de «l’intérêt de la nation». Leur arrogance les amène même à nier l’existence des catalans opposés à l’indépendance.
Du côté du gouvernement central, on ne se montre pas à la hauteur de l’événement. Les timides condamnations d’un gouvernement longtemps dans le déni qui préfère déléguer l’affaire aux juges sans prendre ses responsabilités sont sans effets. Contrôle des finances de la région, destruction du matériel de vote: de simples «mesurettes» afin de minimiser l’impact du référendum. Les faucons du Parti Populaire au pouvoir suggèrent l’intervention directe de la Garde civile. Du pain béni pour les indépendantistes qui se montreraient en victime du «fascisme». Ceci dans un pays encore marqué par les heures sombres de la dictature.
Dimanche prochain, l’indépendance sera probablement déclarée. Et après? Ni l’Union européenne ni l’ONU ne semblent sensibles aux gesticulations des autorités catalanes. L’incertitude engendrée par ce bourbier juridique aura des conséquences. Les investisseurs locaux délocaliseront-ils pour se maintenir dans l’UE? Les lois de Madrid continueront-elles à s’appliquer en Catalogne? Un blocage institutionnel qui entravera longtemps la récupération économique d’un pays qui semblait (enfin) sur la bonne voie.
Ecrire à l’auteur: diego.taboada@bluewin.ch
Crédit photo: © moutonnier.com