Vous êtes sur smartphone ?

Téléchargez l'application Le Regard Libre depuis le PlayStore ou l'AppStore et bénéficiez de notre application sur votre smartphone ou tablette.

Télécharger →
Non merci
Accueil » L’IA est une chance pour le journalisme
Médias

Edito

L’IA est une chance pour le journalisme5 minutes de lecture

par Jonas Follonier
0 commentaire
Jonas Follonier © Dessin de Nathanaël Schmid pour Le Regard Libre

Loin d’annoncer la fin du journalisme, l’intelligence artificielle peut libérer les rédactions des tâches mécaniques et offrir plus de temps pour enquêter, analyser et soigner les textes. A une condition.

L’intelligence artificielle (IA) s’invite désormais dans tous les secteurs. On en parle avec fascination ou avec crainte, souvent les deux à la fois. Le journalisme n’échappe pas à ce phénomène, entre les Cassandre qui annoncent la fin du métier – ce sont les plus nombreux au sein de la profession – et les enthousiastes qui voient déjà la machine remplacer la plume. Il existe pourtant une voie plus fine: celle d’une intégration réfléchie de l’IA au service du sens. Car l’IA, bien employée, représente une remarquable chance pour la branche.

Jusqu’à récemment, les journalistes passaient une part de leurs journées à exécuter des tâches répétitives et inefficaces: retranscription d’entretiens, résumé de documents… Autant d’opérations techniques qui mobilisent du temps et de l’énergie sans beaucoup nourrir la pensée. Or, voilà précisément ce que l’IA peut prendre en charge. Si l’on confie à ces outils les travaux mécaniques, il devient possible de réinvestir le cœur du métier: multiplier les recherches, analyser, hiérarchiser, soigner l’écriture…

A lire aussi | Intelligence artificielle: deux ans qui ont tout changé

Cette libération de temps n’est pas un détail. C’est une véritable révolution, et une opportunité pour redonner du souffle à une profession que la superficialité et le mimétisme étouffent. L’IA, il est vrai, mène elle-même à une homogénéité de contenus si elle n’est pas complétée par une plus-value du journaliste. Cela ne dépend que de lui. Lui qui avait déjà tendance à copier ses confrères avant l’apparition de ces technologies! L’IA, en somme, ne fait qu’automatiser la première étape de «balayage de terrain» et d’écriture brute, avant l’authentique travail qui consiste à se démarquer sur cette base. D’ailleurs, plus le journaliste aura eu l’idée d’un angle original avant même d’interagir avec l’IA, plus cette aide portera facilement ses fruits.

NEWSLETTER DU REGARD LIBRE

Recevez nos articles chaque dimanche.

Autre bénéfice souvent négligé: la traduction automatique, qui est désormais d’une précision impressionnante. Elle permet à une rédaction francophone de consulter rapidement des sources dans d’autres langues, et d’en saisir l’esprit. En outre, elle donne la possibilité à une équipe, avec un peu d’agilité, de proposer une traduction systématique et calibrée de ses contenus. La circulation des informations et des opinions, essentielle à la recherche de la vérité et au débat démocratique, s’en trouve démultipliée. En Suisse romande, L’Agefi a notamment montré la voie. Le Regard Libre franchit le pas ce mois-ci à l’occasion de la sortie de son hors-série «La Suisse et les Etats-Unis, d’hier à aujourd’hui».

A lire aussi | Pas de «all in» dans l’IA

Mieux encore, cette soudaine disponibilité d’une multitude d’articles dans de nombreuses langues contraint plus que jamais chaque titre à proposer une ligne éditoriale unique. Sans quoi il ne servira à rien pour un Zurichois de lire la version allemande d’un média romand s’il raconte la même chose que la NZZ. Plus les moyens de production s’uniformisent, plus il devient vital de se distinguer par le contenu, et donc par la pensée. Ainsi, l’IA est non seulement une chance pour le journalisme, mais aussi pour la confrontation des idées, qui a toujours été la boussole du Regard Libre.

Reste bien sûr une condition essentielle pour que cette évolution soit un progrès: l’éducation. A l’usage des outils d’IA comme aux humanités. Etre formé à l’histoire, la philosophie, la littérature, c’est s’approcher de la complexité du monde et de l’être humain. Sans cela, les technologies ne servent qu’à accélérer le vide. Une raison de plus de recentrer l’enseignement sur ce qui instruit véritablement, notamment en supprimant les heures de «sensibilisation» destinées à façonner les comportements plutôt qu’à nourrir les esprits.

Diplômé en philosophie et journaliste de profession, Jonas Follonier est le fondateur et rédacteur en chef du Regard Libre.

Vous venez de lire un éditorial en libre accès, tiré de notre édition papier (Le Regard Libre N°121). Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus.

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Contact

Le Regard Libre
Case postale
2002 Neuchâtel 2

© 2025 – Tous droits réservés. Site internet développé par Novadev Sàrl