Le Regard Libre N° 24 – Loris S. Musumeci
Jours fastes (3/6)
Le chemin heureux et tortueux de Corinna Bille et Maurice Chappaz continue. Le deuxième chapitre, « Ces enfants déjà, avant le vrai », s’étalant de janvier 1944 à l’automne de 1949, connaît la fécondité littéraire, conjugale et parentale du couple. Comme dans le dernier épisode, l’article se base et se concentre sur les mots des deux écrivains eux-mêmes, riches de leur généreuse correspondance.
Blaise, l’enfant-joie
« Le tocson de Sierre qui apporte les express vient de frapper, et j’ai la grande joie de recevoir ta lettre. Une immense joie. Merci cher Maurice. Oui, j’ai confiance. Par moments un peu d’angoisse mais j’arrive à la dominer. Physiquement : très bien, malgré un certain écœurement latent. Ma mine est excellente et Mamita me dit que je n’ai jamais été aussi belle, aussi fraîche que ces derniers jours. »
Corinna est enceinte. Avec sa mine « excellente », elle vit une agréable grossesse, bien que Maurice soit toujours aussi absent. Relativement isolée à Lausanne pour éviter que la situation de mère-célibataire ne choque en Valais – les deux écrivains ne sont encore pas mariés –, elle songe en douceur, avec un brin d’inquiétude, à cet enfant qui naîtra.