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Critique

«Extraordinary», une série qui sort du commun4 minutes de lecture

par Mathieu Vuillerme
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«Extraordinary» © Disney+

Alors que le paysage cinématographique actuel est plus que saturé de récits superhéroïques, une énième aventure sur le sujet a tout pour lasser. Que reste-t-il à raconter qui n’ait pas déjà été narré? Le récit extraordinaire de la seule personne qui ne l’est pas.

Dans un monde où chaque humain reçoit des superpouvoirs à sa majorité, Jen (Mairéad Tyers) attend encore les siens à ses vingt-cinq ans. En colocation avec Carrie, qui communique avec les morts, et Kash, capable de remonter le temps, Jen part à la quête d’elle-même.

Se distinguer par sa banalité

Les séries anglaises ont cela de magique qu’elles arrivent à poser très vite des concepts novateurs et extrêmement simples. Souvent, malgré des saisons ne dépassant pas les six à huit épisodes, et avec un casting peu identifié, elles conquièrent le monde aisément. C’est encore une fois le cas avec Extraordinary. Si l’idée de donner des pouvoirs à de jeunes Anglais à l’humour décalé a déjà été vue (dans Misfits, notamment), c’est du côté du contexte qu’il faut aller chercher.

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Ici, pas d’histoire de comète extraterrestre, de manipulation génétique ou autre joyeuseté: toute la population acquiert un pouvoir, quel qu’il soit, à 18 ans. Que celui-ci soit utile, dangereux, ridicule ou tout simplement inadapté (on pense à ce personnage contrôlant l’informatique alors qu’il n’y comprend rien), il faudra vivre avec. Pourtant, Jen, l’héroïne, attend toujours que cela lui tombe dessus. Et c’est justement ce qui en fait quelqu’un d’extraordinaire.

Des personnages finement écrits

Ce monde regorgeant de pouvoirs est d’autant plus surprenant que le contexte historique de la série est celui du monde réel: on y cite des personnes et lieux célèbres, on critique Margaret Thatcher, et Adolf Hitler est l’objet de l’une des meilleures blagues de la série. Mais alors, comment concilier histoire réelle et fiction? C’est là l’une des meilleures idées d’Emma Moran, la créatrice: il n’y a pas d’explications. Les pouvoirs arrivent et c’est tout à fait normal, on ne sait pas depuis quand, comment ni pourquoi, et cette absence de questionnement ne pousse pas le spectateur à une attente particulière, ce qui empêche toute déception.

La série ne tient au final que sur son humour et ses personnages, tous aussi bien écrits qu’interprétés. Car sous couvert d’un récit qui semble commun, les différents héros véhiculent tous des peurs et interrogations de notre époque. Remonter le temps sert ainsi à régler ses angoisses personnelles et fuir la difficulté, traverser les murs permet de contrer sa gêne corporelle, parler aux morts comble une difficulté à s’affirmer, etc.

Par cette volonté de traiter des problèmes actuels, Emma Moran dresse un constat hilarant et tragique d’une société pour qui la drague sur internet, l’exclusion, les histoires d’amour ratées ou encore l’incompréhension familiale n’ont plus de secret. Par le même coup, elle offre une série non seulement très bien écrite, mais vraiment fraîche.

Ecrire à l’auteur: mathieu.vuillerme@leregardlibre.com

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