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Critique

«One Piece»: bonne adaptation, mauvaise série6 minutes de lecture

par Mathieu Vuillerme
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One piece © Netflix

Lorsque Eiichirō Oda, l’auteur du manga le plus vendu de l’histoire, a annoncé le projet d’adaptation de son œuvre en live action, qui plus est sur Netflix, son lectorat s’est soulevé. Depuis, les premières images en ont réconcilié certains. Mais la fidélité aux matériaux de base est-elle suffisante?

Il y a vingt ans, Gold Roger, le plus grand des pirates, a été arrêté et tué par la marine. Avant de périr, il a laissé un message d’espoir au monde sous la forme d’un trésor à découvrir: le one piece. Celui qui mettra la main dessus sera sacré roi des pirates. Une vague de piraterie sans précédent se lance alors, parmi laquelle se trouve Luffy, jeune garçon rendu élastique après l’ingestion d’un fruit du démon conférant des pouvoirs à qui le consomme. Mais lui et son équipage ne sont pas les seuls à rechercher le trésor. Et la marine veille.

A la simple vue du résumé, il semblait impossible d’adapter un manga tel que One Piece. A cela s’ajoutent des personnages loufoques, des décors grotesques, de nombreux pouvoirs et autres effets spéciaux. C’est d’ailleurs en partie sur ces éléments-là que les fans s’étaient insurgés: comment rendre grâce, en images, à l’œuvre qu’ils suivent depuis plus de vingt ans?

Le deuxième point noir de cette adaptation, c’est bien sûr la plateforme qui allait la produire: Netflix. Car si tout le monde connaît le géant du streaming, de plus en plus de gens prennent également conscience que ses créations originales sont souvent ratées. Sans compter que les récents essais d’adaptation de la chaîne ont été catastrophiques (Death Note et Cowboy Bebop en tête). Pourtant, force est de constater que les moyens financiers et artistiques ont été mis pour la série et que cette adaptation n’est pas le tâcheron annoncé.

Une bonne adaptation doit-elle tout respecter?

Le manga One Piece s’étendant sur plus de vingt ans, et ses intrigues étant multiples et complexes, la simple volonté d’adapter le premier arc de la série (soit environ 8 tomes) était audacieux. Il fallait ainsi retranscrire à la fois le contexte général, les personnages principaux et quantités d’ennemis. Sur ce plan, le choix fait par Netflix était probablement le plus sage: couper tout le superflu. N’ont alors été retenus que les passages lors desquels Luffy rencontre les membres de son équipage, et cela fonctionne très bien ainsi. En revanche, ce que la série gagne en fluidité, elle le perd en approfondissement de ses personnages. La relation entre les héros, pourtant centrale dans l’œuvre originale, est ici presque suggérée tant elle est superficielle. Ces derniers deviennent amis dès leur rencontre, se jurent fidélité en cinq minutes et semblent s’être finalement toujours connus.

Ce problème tient en un simple choix stratégique de la plateforme: avoir voulu faire tenir la première saison en huit épisodes seulement. Si le coût général de la série permet de comprendre ce choix (environ 18 millions par épisode, soit une des séries les plus chères jamais créées), il est évident que ne serait-ce que deux épisodes de plus auraient amplement donné à One Piece toute l’étendue de son ambition. Mais un autre problème gâche l’exercice.

L’artistique gâché par la technique

En misant sur un casting solide et plausible, Netflix s’est assuré un des aspects de crédibilité vital de toute adaptation; en misant sur un casting quasiment inconnu, la plateforme s’est aussi assurée de ne pas épuiser tout son budget en salaires. Les économies réalisées n’ont d’ailleurs pas été gaspillées: la direction artistique de la série est vraiment respectée et fait plaisir à voir dans cette actuelle habitude du tout numérique. La plupart des décors ont été reconstruits à l’échelle, les costumes sont (presque tous) fidèles, et les lieux sont ressemblants à ceux imaginés par Eiichirō Oda. Ce dernier a d’ailleurs participé à l’entier du processus créatif, expliquant ainsi la proximité entre les deux œuvres.

Pourtant, au milieu de tout ce respect transparaît quand même l’odeur frelatée du cosplay, ces déguisements réalistes que les fans d’une œuvre de pop culture arborent dans les conventions. Si un costume fait main par un aficionado est toujours respectable (ne fût-ce que par le travail nécessaire à sa confection), quand il s’agit d’une série internationale au budget de blockbuster, ce n’est pas acceptable.

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Si l’équipage de héros s’en sort encore plus ou moins, c’est au niveau des personnages secondaires que le bât blesse: de perruques laides à un maquillage criard en passant par des accessoire en toc, c’est à se demander ce qu’il s’est passé en amont. Et ce ressenti tient principalement à la photographie et à l’étalonnage de la série. Tournée dans un grain plat et grisâtre, avec une caméra sans aucune audace formelle, toutes les volontés créatives se trouvent tuées dans l’œuf une fois retranscrites à l’écran. Il en va de même pour les combats, centraux sur le papier, qui sont d’un ennui abyssal et dont la force épique ici est mutée en parodie.

En définitive, si One Piece en live action pouvait faire très peur, la série s’en sort honorablement par sa partie artistique et son investissement. Mais toute cette bonne volonté s’éteint alors que la réalisation ne suit pas. Si les fans de la première heure pourront être surpris, et même contentés, il faudra néanmoins comme prérequis que ceux-ci ne soient pas cinéphiles.

Ecrire à l’auteur: mathieu.vuillerme@leregardlibre.com

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