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«Nouvelle Ecole»: même refrain5 minutes de lecture

par Jean Friedrich
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Nouvelle Ecole © Netflix

Le télécrochet français version rap remet le couvert pour une deuxième saison sur Netflix. La première avait conquis son public. Celle-ci semble prêcher à ces mêmes convaincus. L’absence de renouvellement pourrait ainsi laisser sur la touche les sceptiques du rap.

Ses débuts l’ont propulsée au rang de série numéro un sur Netflix. On pouvait donc compter sur la plateforme pour pondre un second couplet à Nouvelle Ecole. C’est chose faite depuis la sortie de ses derniers épisodes le 31 mai.La série hexagonale relance une compétition de rap, basée sur la même formule. Les trois juges SCH, Niska et Shay repartent à la pêche aux talents dans leurs fiefs respectifs. On visite un grand hôtel marseillais, un toit d’immeuble de banlieue parisienne, et la Martinique, où plusieurs jeunes talents s’affrontent et tentent de convaincre les juges stars.

Une fois trente pépites dénichées, c’est une succession d’épreuves propres au rap – entre cyphers(performances en groupe), battles et clips – qui se déroule, pour que le jury puisse au fil des épreuves désigner le meilleur artiste. Celui-ci remportera cent mille euros. Comme lors du premier opus, la série propose un panorama très complet de l’univers hip-hop francophone. Le téléspectateur a notamment droit à un aperçu des différentes scènes du rap français, et une riche palette de candidats qui incarnent les diverses facettes du genre musical: du premier de la classe adepte de «rap conscient» au gangsta-rappeur pur et dur. La saison 2 a aussi son lot d’invités de marque en les personnes de Rim’K, Médine, ou encore Naps – tous poids lourds du rap hexagonal.

Quand l’école n’enseigne pas

Le décor du paysage hip-hopfrancophone ayant été planté lors du premier volet, on pouvait attendre autre chose de cette suite. Toutefois, elle semble surtout retomber dans un de ses précédents écueils: on peine encore et toujours à comprendre les logiques derrière les délibérations des trois juges, lorsqu’ils réagissent aux différentes prestations.

Exemple avec la candidate La Valentina de l’épisode 3, qui lors de son audition livre une performance au débit impeccable et aux punchlines bien distillées. L’énergie est folle et le public semble conquis. Finalement, c’est non: Shay nous explique que «techniquement, c’était pas ouf…», et elle est rejointe par ses deux compères. Sans que l’on ait davantage de détails. On ne reverra plus La Valentina. Les autres, on ne nous explique jamais réellement pourquoi ils méritaient davantage leur place. Tout semble basé sur les affects du jury et on en reste souvent sur sa faim. Cette nouvelle école nous montre son art; on aurait également aimé qu’elle nous l’explique.

Une téléréalité sous stéroïdes

Encore qu’elle semble ne pas pouvoir (ou vouloir) vendre le rap aux non-initiés, Nouvelle Ecole se démarque par son format télévisuel: la téléréalité. On reconnaîtra dans Nouvelle Ecole les codes principaux du genre, avec ses qualités et ses défauts: une mise en scène parfois artificielle avec des conflits et des suspens qui semblent créés de toutes pièces, des plongées dans les fortes personnalités de l’émission et surtout une compétition féroce, dans laquelle chaque épisode est scénarisé de manière à conduire au suivant. Le candidat WarEnd apparaît comme l’un des plus marquants. Le jeune artiste joue sur une double personnalité mi-ombre mi-lumière, qui transparaît aussi bien dans ses paroles uniques que sa présence scénique déroutante. Si la proposition artistique n’a pas fait que des fans, le candidat n’aura laissé personne indifférent.

Nouvelle Ecole présente un atout de taille par rapport aux émissions de téléréalité standards du genre: un budget conséquent pour une réalisation léchée. On retient notamment une impressionnante production vidéo, chaque performance musicale prenant l’esthétique d’un véritable clip de rap: avec des montages nerveux, des plans très rapprochés sur les artistes qui adressent leur regard à la caméra et de superbes décors urbains.

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Tandis que le sceptique ou l’insensible au rap ressortira surtout confus de l’expérience, l’amateur de rap moderne (qu’est l’auteur de ces lignes, avec certaines réserves) qui trouve déjà chaussure à son pied sur le marché hip-hop du moment en aura pour son argent devant Nouvelle Ecole  – qui cherche justement un candidat s’inscrivant dans le paradigme rap actuel (à dominance très trap). A défaut de comprendre les raisonnements des juges, on se laisse prendre au jeu de la compétition grâce aux personnalités des candidats, à la gouaille des juges. Le tout, enrobé d’une production de qualité.

Ecrire à l’auteur: jean.friedrich@leregardlibre.com

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