Paléo Festival 2019 – Jonas Follonier
En ouverture de la première soirée du Paléo sur la scène du Club Tent, la folkeuse lausannoise Billie Bird s’est imposée en drôle d’oiseau fort prometteur. Rencontre dans l’ombre chaleureuse de deux parasols, après son concert sous le chapiteau. Pour mieux la connaître et mieux l’écouter.
Jonas Follonier: Les plate-formes musicales, dans leurs définitions très larges, vous classent dans la veine folk/rock. Comment vous-même définissez-vous votre genre musical?
Billie Bird: Je réalise des choses tellement différentes, que ce soit sur mes EPs ou sur scène, que je définirais ma musique comme de la folk hybride. J’aime bien me laisser la liberté de me diriger vers des choses très pop, très rock ou très soul. Ce qui me donne parfois un côté un peu mystique.
J’ai eu l’impression dès la première écoute de votre discographie que vos chansons sont de plus en plus pop rock et de moins en moins folk. Est-ce que je me trompe?
Vous avez sans doute raison. Mon dernier EP, Les Déferlantes (2018), propose une musique clairement plus pop. Mais ce qui est important, c’est que ça reste de la chanson. C’est pourquoi je définirais ma musique non seulement comme folk hybride, mais aussi comme chanson hybride. Le rock reste cependant très marqué en studio comme sur scène, l’instrument principal étant la guitare.
D’ailleurs, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de piano dans vos instrumentations. Ce qui donne un côté plus épuré et plus rock.
Tout à fait. Quelques sons de clavier par-ci par-là que j’ai instaurés dans deux ou trois morceaux, mais pas de piano à proprement parler. Ça reste des sonorités très mineures, quoiqu’il y ait aussi quelquefois des accords majeurs. Je cherche à créer un groove et en même temps une profondeur. C’est essentiel pour moi.
La Nuit, c’est la chanson phare de votre avant-dernier EP, au titre éponyme. Les Inrocks ont adoré. Qu’est-ce que ça fait d’être encensée par un magazine culturel d’une telle envergure?
J’étais folle de joie. Ce fut une incroyable reconnaissance. Il s’agit d’un magazine que je suis à titre personnel, et c’est en plus un média français. Je suis donc très honorée. En tant qu’artiste, être poussée par les médias m’aide beaucoup. C’est un sacré coup de pouce!
«Une pop francophone inspirée par les années 80», a écrit Stéphane Deschamps. Revendiquez-vous l’influence des eighties?
Oui, totalement. Je suis née dans les années quatre-vingt et j’ai beaucoup écouté de musique de cette période, ce n’est donc pas étonnant que tout ça transparaisse dans mes chansons, dont La Nuit.
Une autre artiste actuelle, française pour le coup, qui a sorti un titre intitulé La nuit et inspiré par les années quatre-vingt, c’est Juliette Armanet. Est-ce une artiste que vous écoutez?
Je dois dire que j’écoutais très peu de Juliette Armanet jusqu’à ce que j’aille la voir en concert. Franchement, je me suis pris une claque. J’ai trouvé son interprétation et son attitude géniales. Et je pense que son live correspond assez bien au live que je recherche: quelque chose de très humain et de très musical, avec de l’autodérision.
Pourquoi être passée de l’anglais au français dans vos chansons entre celles de 2013 et celles de 2018?
C’est une question de franchise dans ce que je souhaite dire. Je veux relever le défi de ne pas me cacher derrière les mots. On ne déconne pas avec la langue française. Cette démarche est exigeante, et ça me plaît. Le passage au français m’a également permis de trouver ma propre forme d’écriture. A la fois très rythmique et tout en images.
Quels sont vos projets?
Outre mes concerts, je sortirai un nouveau titre à la rentrée et un autre sortira sûrement en automne. Je suis également en train de travailler sur un disque. J’aimerais bien arriver à dix chansons, même si avec moi on ne sait jamais ce qui va arriver! Peut-être que ça débouchera à nouveau sur un EP. Dans tous les cas, je souhaite continuer à écrire des morceaux et à les partager sur scène.
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com
Crédit photo: © Paléo Festival 2019