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Du sang et des larmes: «that’s entertainment»!2 minutes de lecture

par Thierry Fivaz
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Le Regard Libre N° 19 – Thierry Fivaz

C’est un moment très attendu durant l’année. Qu’ils soient retraités, étudiants ou travailleurs, les amateurs de films fantastiques se sont donné rendez-vous, pour la seizième fois, au Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF), et ont pu profiter une fois de plus d’une programmation riche et variée qui, pour cette édition, comptait quelque 130 films (101 longs métrages et 29 courts métrages), dont cinq premières mondiales et pas moins de cinquante-deux premières suisses.

Pourtant, malgré une météo clémente, une programmation réussie et un afflux record, il subsiste une certaine retenue, un malaise, auprès des citoyens vis-à-vis dudit festival. Nombreux préfèrent en effet (par paresse, par désintérêt, par peur de ne pas comprendre, par peur d’avoir peur) passer l’entier de leurs soirées aux bars du festival plutôt que d’aller, d’oser, voir les films projetés. Certains d’ailleurs pensaient même que le NIFFF ne se résumait finalement qu’aux bars provisoires disposés pour l’occasion aux Jardins Anglais, et furent particulièrement étonnés lorsque, vantant leur soirée de la veille au NIFFF, il leur fut posé la question: «– Mais quel film avez-vous donc vu?».Cela étant, ne jouons pas les grincheux. Après tout, passer de longues soirées aux bars du festival est également une manière de vivre le NIFFF (cela permet aussi, sans doute, de faire rentrer dans les caisses une quantité d’argent non négligeable, et participe à l’image sympathique et bon enfant de la manifestation). Quoi qu’il en soit, comment expliquer tant de frilosité de la part du public (neuchâtelois en particulier)? Nombreux sont les individus qui, à la question «pourquoi ne vas-tu pas au NIFFF, tu verras c’est sympa», trouvent comme prétexte et unique excuse (comme il est courant de le faire pour les huîtres au citron, le criquet frit ou autres plats suspects) «– Non, ce n’est pas pour moi», alors qu’ils n’ont même pas essayé; ne réalisant probablement pas la chance qu’ils ont d’avoir dans leur ville un festival aussi dynamique et frais que le NIFFF.

Mais il est vrai que cette année, le NIFFF avait un sérieux concurrent: l’Euro de football. Et, d’après les cris de joie et les nombreux coups de klaxon que l’on put entendre aussi bien au Pod (célèbre avenue chaux-de-fonnière) qu’au centre-ville de Neuchâtel, il est certain que les Neuchâtelois furent cette année attirés davantage par cet événement sportif que par les salles obscures du NIFFF. Nombreux se retrouvèrent pour assister aux différentes rencontres du championnat projetées sur un écran géant au stade de la Maladière. Là, ils purent admirer ensemble les acteurs de ces rencontres qui, entre larmes et sang, proposèrent au public européen, par leur jeu parfois violent et agressif, un spectacle particulièrement palpitant. Or, était-ce toujours du sport, ou n’était-ce pas plutôt là du cinéma?

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