Romain Martin, psychiatre, et son patient Léo Milan, convaincu d’être un agent secret, vont devoir unir leurs forces pour retrouver Louise, la fiancée de Romain, kidnappée par une bande de dangereux braqueurs anarchistes. Le nouveau long-métrage de Ludovic Colbeau-Justin est une comédie simple qui fait rire. Rien d’exceptionnel cependant. Mis à part la fin qui nous interroge sur la manière dont chacun affronte ses démons et se façonne des héros.
«La sortie, c’est une question d’état d’esprit»
En guise d’ouverture du film, une superbe Peugeot immatriculée à Dubaï roule sur une route en plein milieu du désert. On se croirait presque dans l’Ouest américain. Après un créneau digne des plus beaux films de James Bond, notre agent secret (Dany Boon) s’offre un dîner aux chandelles avec sa dulcinée, Ana. Mais, rapidement, la scène vire au Fight Club dans le restaurant. Après quelques scènes de baston épiques, l’agent secret – nous n’en attendions pas moins – dos au mur, explique à sa compagne qu’il y a toujours une échappatoire avec la phrase, se voulant profonde: «La sortie, c’est une question d’état d’esprit». Cette formule reviendra d’ailleurs souvent au cours du long-métrage; nous en reparlerons donc plus bas.
Ce pastiche de films d’espionnage
Ainsi, après cette tribulation philosophique, c’est le grand saut des deux amants depuis le haut d’une tour de Dubaï et…. avance rapide. La caméra nous entraîne désormais dans une cellule, au sein d’un établissement psychiatrique. Là, un docteur sympathique, mais un peu neuneu, nommé Romain Martin (Philippe Katerine), pose des questions à notre agent secret, alias Léo Milan, nom de code «Le Lion». Celui-ci a décidément bien laissé pousser sa barbe et ses cheveux et prétend être un espion travaillant pour l’organisation Zodiac du réseau «Constellation». Il aimerait s’évader pour retrouver Ana, son amour. Hors de question, lui répond son psychiatre qui est bien décidé à essayer d’en savoir plus sur ce mystérieux patient au sujet duquel les moindres informations sont contrôlées et réservées.
Le docteur Martin éprouve une certaine empathie pour ce patient un brin bizarre qui a dessiné un zodiaque sur le mur de sa chambre et fait preuve à son égard d’une certaine humanité. Mais il ne va pas jusqu’à le prendre au sérieux. Même quand celui-ci lui dit que sa dulcinée, Louise, est suivie par une camionnette de fleuriste, couverture favorite des espions pour kidnapper des gens. Rien de très crédible, jusqu’à ce qu’un soir, Romain se fasse assommer par un homme portant un masque de singe et Louise se fait enlever par cet individu. Le psychiatre va alors s’engager, sous la tutelle du Lion, dans une folle course-poursuite et découvrir la vraie identité de sa femme, ainsi que ses propres limites.
Le Lion est un film souvent drôle, car il pastiche la plupart des codes du film d’espionnage pour en faire une comédie. On retrouvera ainsi tous les clichés de l’agent secret qui ne fait pas dans la finesse, de l’acolyte mou et empoté, de la jeune femme canon à souhait, des techniques de combat au nom loufoque comme «Le coup du Lion», et autres stéréotypes du genre. La particularité de tout cela? C’est que tout est placé dans un contexte franco-français! Pas de DeLorean ou de Porsche, mais des Peugeot et des Renault. Pas de techniques de ninjutsu, mais des arts martiaux, enseignés par Le Lion. Et, last but no least, pas de Chicago, ni de New York ou autres métropoles anglo-saxonnes; le lieu de l’action, c’est Paris.
La tragédie des héros
Au cours du film, la caméra opte pour des prises de vues à la troisième personne pour mieux nous distancier des différents protagonistes. On notera, entre autres, que le réalisateur dissémine au cours du film de multiples petits détails qui, au premier abord, semblent incohérents; mais, à la fin, tout colle.
On verra donc Le Lion déclarer que «Renault, c’est l’ennemi», qu’il ne s’habille que chez Prada et qu’il n’enquête jamais le ventre vide. En contrepartie, le pauvre Romain apprendra à ses dépends la règle numéro 1 de l’espionnage (par le Lion): «Ne jamais se fier aux apparences», en apprenant que sa chère Louise s’appelle en réalité Jessica et qu’elle est une hackeuse, dont l’ex, leader d’un groupe d’anarcho-braqueurs, a décidé de kidnapper pour braquer la banque de France. On rit, mais on a parfois l’impression que le film en fait trop. Trop pour être vrai.
La principale question du long-métrage est bel et bien la suivante: qui est Le Lion? Est-il réellement un agent secret? Et c’est là le grand point de bascule du film. Il faut bien l’avouer, le dernier tiers du film est d’une surprise – et d’un tragique – venant contraster fortement avec la légèreté de ton du reste. Si galipettes, plaintes rigolotes et autres simagrées nous font bel et bien sourire, la grande révélation sur le passé du Lion nous laisse bouche bée. Une vie belle, partie en tragédie, qui interroge: et si face à notre propre impuissance, nous n’avions parfois d’autres choix que de nous créer des héros?
Le Lion se laisse regarder. On rit un peu, on s’amuse des clichés et on ne réfléchit pas trop. Sauf à la fin, où on se sent triste pour «Monsieur Milan». A regarder si l’on souhaite se détendre, seul ou à deux, mais à éviter si l’on est à la recherche du cinéma qui fait réfléchir.
Ecrire à l’auteur: ivan.garcia@leregardlibre.com
Crédit photo: © Pathé Films
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