Les mercredis du cinéma – Lauriane Pipoz et Jonas Follonier
Voilà arrivé le deuxième volet de la nouvelle saga Les animaux fantastiques, se situant dans le même univers de fiction que la série de films Harry Potter. Autant dire qu’on en avait entendu parler et parler, de ce film-événement au budget tout aussi historique. Et autant dire que les fans du sorcier, adolescents à l’âge plutôt avancé et adultes relativement jeunes, étaient au rendez-vous. J. K. Rowling, auteur du best-seller ayant donné lieu à cette icône du merveilleux, signe le scénario de cette nouvelle série de films. Si le premier volet, sorti il y a deux ans, nous avait convaincus, ce deuxième épisode n’aura pas réussi à susciter notre enthousiasme. Loin de là.
Des personnages et des dialogues vides
Le premier élément critique à mentionner est le traitement des personnages. Ceux-ci ont évidemment une importante centrale puisque les adeptes de J. K. Rowling et du monde qu’elle a imaginé veulent en savoir plus sur Norbert Dragonneau et Gellert Grindelwald, personnages seulement mentionnés dans Harry Potter, et sur Albus Dumbledore jeune, quand il enseignait encore les cours de Défense contre les Forces du Mal à l’Ecole Poudlard. Hélas! la vacuité l’emporte sur une construction aboutie, ce qui se voit également confirmé par des dialogues bas de gamme.
Le scénario semble se perdre parfois parmi les nombreux personnages introduits. Le spectateur fait ainsi face à une distribution très dense et à des scènes qui se succèdent sans lien apparent avec l’intrigue principale: on passe de Gellert Grindelwald à Queenie Goldstein et Jacob Kowalski, à Nagini, serpent qui servira plus tard d’instrument à Voldemort, puis à Leta Lestrange… Privé de fil d’Ariane, le spectateur se retrouve par moments presque aussi perplexe que Jacob Kowalski au cœur du monde de la magie dans le premier volet de la saga.
Des références boiteuses à Harry Potter
Mais le pire est là: alors que tout l’intérêt de cette série de films des années 2010 et (malheureusement) 2020 réside dans son lien avec Harry Potter, on trouve des clins d’œil approximatifs là où on aurait voulu de l’approfondissement. La scène du lac rappelant Harry Potter et la Coupe de Feu? De la nullité. La scène de l’enfant qui regarde Grindelwald avant de se faire tuer? De la nullité. Le parallèle du retour de ce dernier avec le retour de Lord Voldemort? De la nullité. Dumbledore pleurant devant le Miroir du Riséd? De la nullité.
Notons encore quelques grandes incohérences du scénario. Si la scénariste a voulu jouer la carte de la nostalgie auprès des fans de l’apprenti sorcier, elle nous présente une Minerva McGonagall qui n’a rien à faire là: cette dernière, qui devrait être née en 1935, est âgée d’une vingtaine d’années dans les flashbacks de ce deuxième volet. Or, l’histoire est censée se dérouler en…1927. De plus, la personnalité de Dumbledore, qui paraît très sûr de lui, ne correspond pas à celle qui nous est montrée dans l’univers magique d’Harry Potter.
Voilà donc comment se comprend la saga Les animaux fantastiques arrivée à son deuxième film: un remake foireux d’Harry Potter. Malgré le plaisir de redécouvrir des décors toujours très bien réalisés et quelques scènes drôles, nous pensons que, rapidement, ce deuxième volet sera jeté aux oubliettes.
Ecrire aux auteurs:
lauriane.pipoz@leregardlibre.com
jonas.follonier@leregardlibre.com
Crédit photo: © Warner Bros
Les animaux fantastiques: Les Crimes de Grindelwald |
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USA et Grande-Bretagne, 2018 |
Réalisation: David Yates |
Scénario: J. K. Rowling |
Interprétation: Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Johnny Depp |
Production: Warner Bros |
Distribution: Warner Bros |
Durée: 2h14 |
Sortie: 14 novembre 2018 |