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Littérature

Critique

La Belle Epoque et les Années folles, enchantement littéraire5 minutes de lecture

par Quentin Perissinotto
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belle époque

Lancée à la fin des années 2000, la collection «Dictionnaire amoureux» embrasse les sujets les plus divers. L’un des derniers est consacré à la Belle Epoque et aux Années folles sous la plume de Benoît Duteurtre. Emerveillement garanti.

Dans ce nouvel opus des dictionnaires amoureux, Benoît Duteurtre nous emmène flâner dans les petites ruelles escarpées de la butte Montmartre, le long des grands boulevards éclairés par les candélabres, sur le trottoir roulant de l’Exposition universelle, dans le charivari des cafés de Montparnasse ou sur les promenoirs des music-halls, au rythme d’Yvette Guibert, Claude Debussy ou Duke Ellington. En un peu moins de 200 entrées, allant de l’écrivain (André Breton), au concept (urbanisme), en passant par les comédiennes (Sarah Bernhardt), les musiciens (Erik Satie), les peintres (Paul Signac), les œuvres (Paradis perdu) ou encore les lieux appréciés (casinos) ou emblématiques (Le Chat noir), le Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles ne se veut pas être une encyclopédie ou une cartographie complète d’une période, mais comme un florilège visant à capter l’essence d’une époque.

L’intérêt d’un tel ouvrage ne tient que dans le fait de faire vivre sa passion pour le sujet évoqué et de la transmettre au lecteur («clamer son amour», selon les mots de l’auteur). C’est pourquoi il serait absolument vain et absurde de parler de ce dictionnaire de manière raisonnée, en prenant de la distance et de la hauteur. Je vais donc plutôt vous dire en quoi il a résonné avec émerveillement en moi.

Flânerie littéraire hors du temps

D’aussi loin que je me souvienne, mon intérêt pour la peinture et la sculpture s’est fait assez tardivement, aux alentours de 20 ans. Il est venu en regardant le documentaire d’Arte Les Aventuriers de l’art moderne. Ma fascination pour l’art est donc depuis toujours intiment reliée au Paris du XXe siècle, sa vie bohème, ses artistes et leurs œuvres. Tout mon imaginaire s’est construit autour de l’affiche du cabaret du Chat noir de Steinlen, les dessins de Degas, les poèmes d’Apollinaire, les décors du ballet de Cocteau, le portrait des muses des impressionnistes.

Depuis, j’ai beau sillonner les musées et les expositions, mais tout me ramène irrémédiablement au bonheur candide que j’ai eu à me plonger dans cette période d’effervescence. Un temps où Paris était plus que jamais au centre du monde intellectuel et artistique. Et en lisant le Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles, j’ai retrouvé exactement ce même enchantement!

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J’ai parcouru ces pages ainsi que je me serais baladé dans le Paris de l’aube du siècle passé, en déambulant au hasard des mots, au plaisir des sonorités. J’y ai croisé des figures illustres comme si elles étaient des amis perdus de vue, j’ai partagé la compagnie d’inconnus dans les lieux à la mode et j’ai cheminé au détour des styles naissants. Je me suis senti glisser dans une carte postale jaunie d’un Paris qu’on croirait phantasmé.

«Les Années folles comme la Belle Epoque bousculent ainsi la hiérarchie des valeurs. Le grand et le noble s’y inspirent volontiers du petit et du populaire, le profond du léger. Un même goût du divertissement souffle dans les cafés et les salons où se retrouvent écrivains, peintres et musiciens.»

On ne finit pas ce livre d’une traite, mais on le picore, on le consulte en se laissant porter pour mieux se perdre en son cœur. Ce Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles est tout sauf une anthologie de noms connus et d’établissements célèbres; il mélange astucieusement les personnages importants aux éléments communs: on passe du Moulin Rouge à la moustache, des fumistes, zutistes et hydropathes aux gares ou de Charles Cros au cynisme. On y trouve même une entrée «forges et acier»! On le feuillette avec une joie adolescente, presque par jeu. Ce qui est certain, c’est qu’en ouvrant ce volume, il flotte alors le parfum d’un temps. Celui de l’insouciance des rêves.

Ecrire à l’auteur: quentin.perissinotto@leregardlibre.com

Crédit photo: © Quentin Perissinotto pour Le Regard Libre

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dictionnaire

Benoît Duteurtre 
Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles 
Plon 
2022 
644 pages 

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