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«The Fabelmans»: Spielberg met ses rêves en abîme6 minutes de lecture

par Jean Friedrich
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fabelmans

Le «roi du divertissement» revient avec un film semi-autobiographique. The Fabelmans est sans grande originalité narrative, mais émerveille tant il est humain. Une histoire simple et pleine de vie, dont Spielberg signe également le scénario.

© The Fabelmans

Après la sortie de Babylon le mois dernier, c’est une autre déclaration d’amour au cinéma qui voit le jour. Steven Spielberg propose avec The Fabelmans un film intime, très inspiré de sa propre enfance, imprégnée par le septième art.

On y suit Sammy, jeune américain qui grandit bercé de rêves de grand écran. Ses parents Mitzi et Burt Fabelman l’emmènent très tôt voir son premier film. Le garçon ne lâchera ensuite plus jamais la caméra qu’il demandera pour Hannukah. Il s’amusera sans cesse à mettre en scène sa troupe de scouts et sa famille. Conscients que le hobby de leur fils devient une perspective grandissante de carrière, ses parents gèrent la chose de manière bien différente. Et Sammy tentera d’entretenir son rêve, tantôt ramené sur Terre, tantôt envoyé au septième ciel.

© The Fabelmans

Le regard que porte le réalisateur sur son enfance semble on ne peut plus sincère. On ressent son immense tendresse envers les siens. Le film ne tombe cependant jamais dans une quelconque mièvrerie. Car Spielberg va aussi confronter un lourd secret familial. Pour le réalisateur, ce film était le moyen ultime de «se rapprocher de sa famille». Il aura fait de même avec son public.

Faire beaucoup avec peu

Dans The Fabelmans, Spielberg n’hésite pas à dépeindre ses premiers pas de cinéaste avec autodérision, via son personnage principal. C’est le week-end. Sammy se rend dans le désert de l’Arizona pour tourner un film de guerre avec quarante compères. Le gamin bricole un florilège d’effets spéciaux tous plus inventifs les uns que les autres, pour recréer des combats sanglants qui en deviennent très comiques. Au four et au moulin, le réalisateur en herbe Sammy tentera aussi de diriger son acteur principal pour la scène finale. Il a affaire à un grand simplet, mais qui en oubliant son rôle finira par donner la performance d’une vie. Spielberg vient de filmer une production nanardesque de son alter ego enfant, et en a fait une des scènes les plus drôles du film.

© The Fabelmans

Changement de registre, la mère répète un morceau de Beethoven devant sa famille. Elle offre une performance toute en maîtrise et en émotion, mais son audience a surtout retenu le cliquetis des ongles de Mitzi sur les touches de piano. Un moment très évocateur de la personnalité d’une femme autant talentueuse qu’étourdie.

Le film est rythmé par des scènes qui prêtent tant aux rires qu’aux larmes. Le tout est guidé par des mouvements de caméra qui offrent beaucoup de proximité et d’identification aux personnages. Le réalisateur est aussi bien aidé par John Williams, qui comme souvent fait sonner encore plus juste le film de son collègue de toujours.

Une déchirure irréparable

Rien ne semble pouvoir arriver aux attachants Fabelman, mais la famille va lentement se déliter à cause de ce qui s’apparente à son antagoniste: l’art. Comme le dit l’Oncle Boris à Sammy, «tu es condamné à être déchiré entre ton art et ta famille». Cette dualité est d’ailleurs incarnée par les parents Fabelman.

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Burt est ingénieur, et a tout le pragmatisme qui va avec. Le cinéma de son fils n’est pour lui qu’une lubie, qu’il tentera d’éteindre au profit d’une activité plus prosaïque. Il est difficile d’en vouloir à cet ex-combattant de la guerre, parfois un peu rabat-joie, tenant néanmoins la famille à bout de bras. Il est campé par un Paul Dano qui apporte une belle touche de candeur au père de famille. Mitzi, la mère, est pianiste professionnelle. Incorrigible rêveuse, elle se laisse surtout guider par son art et ses émotions, au grand dam de sa famille. La femme n’en est pas moins une mère aimante, et fera tout pour entretenir les rêves de son fils. Michelle Williams est parfaite et bouleversante dans le rôle.

Le duo constitue toute la dynamique narrative du film, où s’entrechoquent des mondes enfants et adultes. Comme souvent avec Spielberg, c’est le rêve qui finit par l’emporter. Non sans coût.

Quand l’autobiographie est universelle

The Fabelmans propose un récit initiatique familial qui sur le papier n’a pas vraiment de quoi ramener le public en salle. Il accouche finalement de deux heures trente d’une rare sincérité.

Steven Spielberg semble irrésistible dans sa capacité à faire entrer son spectateur dans son histoire. Cette fois-ci, ce n’est pas grâce aux prouesses imaginatives qui ont fait sa renommée (JurassicPark, E.T…), car The Fabelmans table sur un récit sans artifices, simplement viscéral.

Et si la démarche de Spielberg de se raconter soi-même dans un film aurait pu être curieusement autocentrée, elle accouche finalement d’un film à la portée universelle, dont on se sent facilement très concerné.

Ecrire à l’auteur: jean.friedrich@leregardlibre.com

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© The Fabelmans

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