Il est de ces artistes qui n’ont pas brillé à leurs débuts et qui possèdent leurs défauts, mais dont certains albums, soudain, témoignent d’une hauteur artistique indéniable. C’est le cas des derniers albums de Benjamin Biolay, dont le plus récent est Volver. Petit commentaire sur un grand opus.
Volver? Un album puisant son atmosphère dans Paris, Rome et Buenos Aires, villes très chères à Benjamin Biolay, comme il l’a évoqué dans différents entretiens ces dernières années. Un véritable album également, comme on en faisait encore dans les années septante, puisque malgré sa variété instrumentale, il reste fidèle à une véritable identité littéraire – c’est l’avantage d’être le fruit d’un auteur-compositeur-interprète – et à une atmosphère musicale cohérente, marquée par la voix rauque du (plus si) benjamin (que ça) et une production artistique moderne.
Volver, c’est aussi un bel exemple d’héritabilité des propriétés: si l’album est très intéressant dans son unité, alors à leur tour, les morceaux le sont également. Nous allons en mentionner seulement trois. A commencer par le titre éponyme, pour sa musique si proche de son compositeur, mais aussi ses paroles, dont celles du refrain: «La vie n’aime pas qu’on la regarde dans les yeux / Elle peut te faire croire par mégarde qu’elle est deux / Mais elle n’est qu’une / Sans rancoeur, ni rancune aucune.»
La mémoire, ensuite, résonne comme une expérience partagée par nous autres, hommes qui avons laissé des femmes sur le chemin, et qui avons des regrets. Des regrets certes injustifiés, qui s’annuleraient au contact de la réalité; mais des regrets quand même. Plus magistral encore, le morceau Happy hour est mon grand coup de cœur, laissant place à une émotion artistique sans précédent, basée sur la voix de Catherine Deneuve qui a rarement été autant mise en valeur.
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com
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Benjamin Biolay
Volver
Polydor
2017
15 titres
5 commentaires
Bonjour, je voudrais tout de même préciser qu’avec l’album LA SUPERBE, Biolay avait atteint les sommets, ce qui lui a valu 2 Victoires de la Musique en 2010. Palermo Hollywood en 2016 est magnifique, et si on se replonge dans les albums du début Rose Kennedy ou Trash Yéyé on y retrouve des pépites (il brillait déjà pas mal….). Je suis entièrement d’accord avec vous,Happy Hour est d’une intensité folle…encore un titre qui restera aux oubliettes…à part pour les fans. Quelle tristesse…
En ce moment à écouter, sa collaboration avec M.I.L.K “Make my way to Paris”, un titre addictif.
Je voudrais juste rajouter quelque chose, hors musique, Benjamin Biolay est adorable, tellement bienveillant et chaleureux avec son public.
Merci pour votre article en tous cas.
Bonne journée;
Liliane
Merci beaucoup pour votre commentaire, Liliane. Oui, «La Superbe» avait en effet atteint des sommets, il fait justement partie pour moi des «derniers albums» (en fait, tous ceux après 2009) – il y a six ans on pouvait encore parler comme ça, mais maintenant qu’il y a eu encore d’autres albums (et quels albums!), «La Superbe» commence en effet à dater. 🙂 Un excellent dimanche à vous, Jonas
Bonjour
Etant un inconditionnel de Benjamin Biolay depuis très longtemps ,je suis complètement d’accord avec Liliane Gimenez ,il est comme un vin qu’on regarde mûrir et qui s’épanouit au fil du temps . J’ai toujours peur de manquer d’objectivité quand je parle de lui mais lors de ses concerts ,sa gentillesse et sa sensibilité à fleur de peau font de lui un être délicieux.
Je suis arrivé sur votre site en étant à la recherche d’une explication par rapport à une ligne dans VOLVER : y’a trois quarts d’heure j’avais trente ans ,le cul d’un orang-outan , j’ai bien quelques hypothèses mais j’aimerais avoir votre (vos) avis .En tout cas merci pour votre site et votre regard sur des artistes que j’apprécie particulièrement Merci
😁 Désolé ,je vais sûrement passer pour un inculte doublé d’un ignare mais j’ai trouvé plusieurs transcriptions du texte complètement fausse à propos de ces deux lignes ,j’avais bien envisagé qu’il pouvait s’agir du QI mais il m’a fallu fouiller ( alors que j’ai l’album….) honte à moi Cordialement
Merci Rémi pour votre commentaire, ravi que vous ayez trouvé la réponse tout seul! Il n’y a aucune honte à cela, il arrive souvent qu’on se trompe sur les paroles, surtout quand la prononciation n’est pas le plus grand fort du chanteur 😉 Cordialement, Jonas