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Suisse

Chronique

La tribune de Marianne Grosjean: «8 mars, deux injustices, encore zéro solution»4 minutes de lecture

par Marianne Grosjean
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Dans cette toute nouvelle chronique, la journaliste Marianne Grosjean adresse chaque mois un message à nos lecteurs.

Prêt.e.x.s pour le 8 mars? J’avoue que défiler avec des banderoles violettes en langage inclusif, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Non pas que les violences faites aux femmes m’indiffèrent, mais elles me semblent éclipsées ces dernières années par des revendications trop éloignées de la cause des femmes – anticapitalisme, transgenrisme, décolonialisme, écologisme – pour que je m’y retrouve.

A l’occasion de cette journée des droits de la femme, je préfère attirer votre attention sur deux situations emblématiques du moment de bascule par excellence dans l’égalité hommes-femmes, à savoir la maternité. Ce moment de grande vulnérabilité entre la grossesse et les premières années des enfants mériterait une plus grande attention du monde politique.

Premier cas, ma voisine, une infirmière à l’hôpital, pleure de devoir reprendre le travail après son deuxième congé maternité. Son mari est ouvrier, le couple ne pourrait pas vivre sur son seul salaire. Elle reprend donc ses shifts de douze heures, en tirant cinq fois son lait pendant cette période. En tant que mère allaitante, elle pourrait passer à des journées de huit heures, pour autant qu’elle ait trouvé une solution de garde pour le jour de travail en plus qu’implique cette nouvelle organisation du temps. L’autre jour, après sa journée de travail commencée à 7 h, elle a oublié sa glacière avec ses cinq biberons de lait maternel à la gare à 22h. Elle est revenue sur ses pas, en vain. Envolé, le lait. Elle s’est effondrée en larmes, chez elle à minuit. Son bébé l’a réveillée toutes les deux heures pour téter, comme chaque nuit. Une nouvelle journée de travail de 12 heures l’attendait le lendemain.

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Que souhaite notre infirmière? Un congé parental d’au moins un an, le temps que son enfant mange du solide la journée et qu’elle n’ait plus besoin de tirer son lait au boulot. Mais surtout qu’elle puisse toucher une rétribution pendant cette période. Par exemple, son salaire moins le montant des frais de garde économisés. Et aussi, qu’on lui verse ses cotisations du 2e pilier, de manière à se protéger d’une rente misérable à la retraite. Quel homme, en effet, verse à sa compagne qui réduit son temps de travail pour s’occuper des enfants une compensation pour son 3e pilier à hauteur de la cotisation LPP qu’elle perd? Qui en politique pour proposer une telle rétribution?

Second cas, une mère de deux enfants, réceptionniste, me racontait son retour à la maison après une césarienne compliquée débouchant sur trois semaines d’hôpital. «En rentrant, j’ai failli m’évanouir. La vaisselle sale était empilée dans l’évier, il y avait du linge sale et de la crasse partout, les poubelles empestaient… et avec ma cicatrice, je ne pouvais pas faire d’efforts.» Pourtant, Monsieur, un électricien, avait bénéficié du congé paternité.

Grande avancée pour les couples partageant les tâches, le congé paternité, loin d’être une nécessité médicale comme le congé maternité, s’apparente à une mesure pour l’égalité fondée sur un contrat de confiance tacite: Monsieur doit contribuer à faire tourner le foyer pendant que Madame se remet de l’accouchement. Mais dans les faits, personne ne viendra vérifier. On pense au papa bobo moderne, patouille à rototo sur l’épaule et s’activant aux fourneaux. Mais pas au fainéant adepte de cannabis et de jeux vidéo. Alors que faire? Envoyer une aide à domicile à la place du congé paternité sur demande de la femme? Demander aux sages-femmes de jouer les mouchards?

Envoyez vos meilleures idées pour changer le monde à la rédaction. Une rose vous sera envoyée en guise de remerciement. Ou un petit biberon de lait maternel.

La journaliste Marianne Grosjean adresse un message à nos lecteurs dans sa chronique.

Vous venez de lire une chronique publiée dans notre édition papier (Le Regard Libre N°114).

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