Les lundis de l’actualité – Nicolas Jutzet
«Super Bowl». Ce terme, vous l’avez sans doute déjà entendu, sans jamais vraiment comprendre de quoi il s’agissait. Année après année, un engouement médiatique accompagne le «Super Bowl» – soit la finale du championnat de football américain – même sur le Vieux Continent, pourtant tellement étranger à ce sport qui peine à traverser l’océan Atlantique.
Cette année, c’est le «Super Bowl LIII». Il vient clôturer la saison 2018 de football américain. Disputé hier, dimanche 3 février, il a vu les Patriots de la Nouvelle-Angleterre s’imposer. Mais bien plus que le résultat sur le terrain, c’est le show, dans les tribunes ou pendant les pauses, qui fait le sel de cette manifestation extravagante. On avance des sommes folles: des retombées économiques brutes de 450 millions de dollars lors de la dernière édition à Minneapolis dans l’Etat du Minnesota. Diffusé dans 180 pays dans le monde – notamment la Suisse – pour 110 millions de téléspectateurs qui seront présents derrière leur petit écran.
Pour rappel, le pays compte un peu plus de 325 millions d’habitants. Cette audience permet une envolée des prix de la publicité, avec le record pour trente secondes de publicité lors de la diffusion du match sur CBS qui se monte à plus de 5 millions de dollars. En tout, on arrive, en quatre heures, à la rondelette somme de 350 millions de dollars de recettes publicitaires. Sans oublier un véritable concert donné durant la mi-temps par le groupe de pop-rock Maroon 5. En résumé: ils ont le sens du spectacle, ça ne fait plus aucun doute.
L’arrivée du «soccer» aux Etats-Unis
Cette domination et cet engouement sont-ils appelés à durer? Ou font-ils face à une concurrence nouvelle? Les derniers chiffres démontrent une progression réelle du soccer, soit le sport roi du Vieux Continent. Et ce, dans toutes les couches de la population. A ce jour, le classement est le suivant:
«Sans grande surprise, le football américain caracole en tête, avec plus d’un tiers des suffrages (37%). Il pointe en tête chez les hommes (42%), comme chez les femmes (32%). Il est privilégié dans toutes les tranches d’âge. Il séduit les libéraux, les «modérés» et les conservateurs. Un plébiscite. Le basket-ball confirme sa position de deuxième sport dans le cœur des spectateurs américains (11%). Mais il est devancé d’un point (9% contre 10%), chez les hommes, par le baseball, classé en troisième position dans ce sondage national. Le soccer est installé à la 4ème place. Avec un résultat global de 7%, il devance notamment le hockey-sur-glace, les sports mécaniques et le golf. La progression du soccer ne fait plus aucun doute. Dix ans plus tôt, seulement 2% des Américains l’avaient placé en tête à la question de savoir quel était le sport qu’ils préféraient suivre, dans le stade ou devant leur écran de télévision.»
Cette évolution est encore plus marquée auprès du jeune public: parmi les Américains âgés de 18 ans à 34 ans, le soccer occupe la deuxième place, à égalité avec le basket-ball (11%). Ajoutons à cela les nombreuses polémiques en lien avec le football américain, accusé tantôt de conduire prématurément des athlètes de haut niveau à la morgue (en raison de commotions cérébrales répétées) dans le film Seul contre tous, qui s’inspire d’une histoire vraie, tantôt d’être source de nombreux excès en dehors du terrain. Les histoires d’anciens sportifs violents, ruinés ou addicts à diverses substances, ne font que s’enchaîner. Cette trouvaille majeure sème une véritable onde de choc dans les milieux sportifs. On peut donc imaginer un renversement de la tendance lent mais assidu. Avec, pour une fois, une européanisation des Etats-Unis, et non le contraire.
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