Archives par mot-clé : humanisme
Les non-spécialistes ont des choses intéressantes à nous dire
Le Regard Libre N° 76 – Jonas Follonier
Nous autres, journalistes, avons une mauvaise habitude: interroger LE spécialiste d’un domaine en croyant que c’est une assurance de qualité. Ce travers, comme tous les défauts, est le revers d’une qualité: celle qui consiste à éclairer une thématique à l’aide d’individus qui ont des choses à dire à son sujet, puisque leur discours sur cette thématique est reconnu. Or, souvent, les experts ne sont pas les seuls à pouvoir – et vouloir – apporter un éclairage pertinent sur un thème. Le caractère intéressant d’un propos ne se mesure pas seulement et pas toujours à son caractère «reconnu». C’est même parfois l’inverse: certains spécialistes sont tellement plats ou tellement obscurs que leur parole n’apporte strictement rien au public. Et il y a des cas où leur parole est si connue qu’elle en devient, pour le coup, «re-connue».
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«Dominique de Buman, un Suisse»
Le Regard Libre N° 50 – Jérémie Bongiovanni
Le Professeur Gilbert Casasus publie un mélange en l’honneur de Dominique de Buman aux Editions Slatkine. Des contributions de divers auteurs, ayant partagé un moment de la vie politique du conseiller national. Il s’agit avant tout d’un éloge de l’homme et du politicien démocrate-chrétien fribourgeois. Des sujets relatifs à la politique suisse et chers à Monsieur de Buman y sont également traités dans de courts essais.
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«Styx»: parabole humaine
Les mercredis du cinéma – Alexandre Wälti
Le nom d’un point de passage vers les enfers de la mythologie grecque est le titre du troisième long-métrage de l’autrichien Wolfgang Fischer. L’affiche officielle le résume bien: le spectateur plonge dans le fracas des eaux et n’en revient pas indemne. Rike, médecin urgentiste allemande, entreprend un voyage en solitaire dans son voilier vers l’île sauvage de l’Ascension, au large de la Mauritanie. Styx souffre de certaines longueurs inévitables, mais le réalisateur utilise le silence comme un véritable outil dramatique.
Au Conseil européen, les illusionnistes sont rois
Les lundis de l’actualité – Diego Taboada
Cette semaine, les chefs d’Etat et gouvernement des pays membres de l’Union européenne ont siégé au Conseil européen. Comme à chaque «réunion des hauts placés», les attentes étaient élevées. Au menu du jour: crise migratoire et réforme de la zone euro. Ce sommet, censé être déterminant pour régler l’énième crise de l’UE, a déçu, comme toujours. Les européistes se lamentent et les sceptiques s’en donnent à cœur joie: pas de réelle avancée mais des sourires et des déclarations vides de sens. De la poudre aux yeux, en somme – ou plutôt, de perlimpinpin.
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La ballade de Jim Harrison
Le Regard Libre N° 27 – Léa Farine
« Le plus souvent, rien de particulier ne me tracasse, du moins rien qui ne soit aussitôt rectifiable, rien d’autre que le besoin de faire un pas de côté loin de ma vie pendant un ou deux jours et de marcher en pays inconnu. Peu après l’aube, équipé d’une carte de la région, je me promène dans les champs déserts, les canyons, les bois, mais de préférence près d’un torrent ou d’une rivière, car depuis l’enfance j’aime leur bruit. L’eau vive est à jamais au temps présent, un état que nous évitons assez douloureusement. » (Jim Harisson, En Marge)
Le temps présent – voilà peut-être ce qui caractérise le mieux l’œuvre de Jim Harrison. Cet écrivain et poète américain, né en 1937 dans le Michigan et mort en 2016, use du langage comme d’un matériau brut, presque physique, qui fait voir et fait sentir sans jamais verser dans une esthétisation trop artificielle.
Son confrère Yann Queffelec écrit dans Le Nouvel Observateur en 1981 : « Le style est à lui seul un chef-d’œuvre, une leçon pour auteurs français plus habiles à sodomiser les mouches de la ponctuation, à sacraliser des arguties qu’à livrer une inspiration urgente. » Que l’auteur décrive les grandes plaines et forêts américaines, ses parties de chasse en solitaire, les grandes beuveries qu’il affectionne, ou l’existence et les rêves de ses personnages, c’est toujours avec chair, avec sang, avec bruits et odeurs – ça vit. Continuer la lecture de La ballade de Jim Harrison
Le transhumanisme est-il un humanisme?
Le Regard Libre N° 24 – Nicolas Jutzet
Plusieurs études soulèvent une problématique dérangeante: à peu près partout dans le monde occidental, le quotient intellectuel baisse de façon alarmante depuis le début du XXIe siècle. Inquiétante, cette nouvelle tendance fait suite à un XXe siècle qui aura vu le QI, notamment sous l’effet des progrès sanitaires et sociaux, augmenter régulièrement. Laurent Alexandre, chirurgien-urologue et passionné du mouvement transhumaniste, explique le phénomène par le fait que «les personnes les plus instruites ont tendance à retarder le moment d’avoir un premier enfant, notamment pour poursuivre des études, et en font donc moins que celles appartenant aux couches les plus défavorisées de la population». En couplant cette donnée avec la disparation de la sélection naturelle (qui sélectionnait les individus les plus aptes à la survie, et non forcément les plus forts), vous obtenez une synthèse inquiétante. Notre humanité est-elle condamnée au déclin? A-t-elle touché son «plafond de verre»?
Certains refusent cette fatalité. Optimistes, ils sont des adeptes du «transhumanisme». Ce mouvement veut dépasser l’approche actuelle de la simple réparation de l’être humain, qui est à ce jour principalement thérapeutique. Ils veulent passer à l’étape supérieure, celle de l’amélioration en plus de la réparation. Ils veulent passer de la thérapie à l’augmentation des capacités de l’être humain. La convergence des technologies NBIC (nano-bio-info-cognitives) rend cette hypothèse de plus en plus plausible, voire même certaine selon les auteurs. Pour ce courant de pensée, l’humain apparaît comme une addition de facteurs qu’il convient d’analyser en qualité d’ingénieur universel. Disséquer, analyser et remédier aux faiblesses actuelles de l’homme. Nick Bostrom, transhumaniste convaincu et reconnu, justifie cette approche par le fait que l’humanité se retrouve face à quatre évolutions possibles: l’extinction de l’espèce humaine; l’effondrement récurrent (crises cycliques); la stagnation; l’évolution post/trans-humaine (avec ou sans rupture radicale par rapport à l’aspect actuel de l’être humain). La quatrième évolution est privilégiée. Continuer la lecture de Le transhumanisme est-il un humanisme?