Les mercredis du cinéma – Thierry Fivaz
Pour leur vingt-et-unième film, les studios Marvel retracent l’histoire de Carol Danvers, ancienne pilote de l’US Air Force et qui deviendra l’un des personnages les plus puissants que l’univers Marvel n’ait jamais compté.
Un profane de l’univers Marvel pourrait se demander si ce énième film de super-héros ne risque pas de lui être quelque peu difficile d’accès. Une crainte qui peut aisément se comprendre, puisque ces dernières années, la franchise américaine a donné corps à une galerie de personnages impressionnante, tels qu’Iron Man, Hulk, Captain America – pour ne citer qu’eux –, ceux-là mêmes qui se regrouperont pour défendre la Terre face à la menace dans Avengers. Les non-habitués du genre pourraient donc s’attendre – et sans doute légitimement – à n’y rien comprendre. Néanmoins, il n’en est rien. Avec Captain Marvel, les deux réalisateurs Anna Boden et Ryan Fleck, à qui ont l’on doit notamment Have you Seen this (2003), Young rebels (2005), Sugar (2008), construisent avec habilité, un récit rythmé mêlant action et quête d’identité.
Une recette efficace qui nous plonge, à travers des images d’étendue galactique et de vaisseaux spatiaux toujours impressionnantes, dans le quotidien de Vers (Brie Larson), une jeune femme appartenant au peuple des Kree (une race extra-terrestre évoluant sur la planète Hala). Amnésique, n’ayant aucun souvenir de son passé, Vers est à la recherche d’elle-même. C’est au détour d’une mission qu’elle apprendra la vérité: elle s’appelle Carol Danvers, elle est humaine et vient de la Terre.
Le sexe fort
Particulièrement attachant, le personnage de Carol, que l’on dit trop émotive, pas assez forte, voire faible, vient tordre le cou aux clichés. Malgré les humiliations et les déconvenues, les réalisateurs en soulignant la détermination de Carol qui face à l’échec se relève toujours, soulignent avec élégance la force de Carol. Une force qui consiste à se nourrir de ses émotions pour vaincre et qui, conjugué à une résilience immense, auquel s’ajoute le leitmotiv «toujours se relever» font de Carol une des super-héros les plus puissantes qu’il n’ait jamais existé.
Une dimension féministe du film qui s’identifie immédiatement et qui demeure particulièrement intéressante – et même bienvenue. Un des ennemis de la Terre ira même jusqu’à dire que «la femme» (en parlant de Carol) est l’arme fatale, une ambiguïté du déterminant qui nous fait comprendre que ce n’est peut-être pas que de Carol dont il est question ici.
Mais au-delà de cette lecture féministe, d’autres lectures demeurent également possibles: Captain Marvel parle à sa manière du sort des migrants, de la recherche d’une terre pour un peuple en déshérence, sans compter évidemment, la quête d’identité et de sens, mais aussi et surtout des liens familiaux et de l’amitié. Des ingrédients qui font de Captain Marvel, un film agréable à regarder, et ce, même pour les non-initiés.
Ecrire à l’auteur: thierry.fivaz@leregardlibre.com
Crédit photo: © Marvel Studios
Captain Marvel |
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Etats-Unis, 2019 |
Réalisation: Anna Boden, Ryan Fleck |
Scénario: Meg LeFauve, Nicole Perlman, Geneva Robertson-Dworet |
Interprétation: Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law, Ben Mendelsohn, Annette Bening |
Production: Marvel Studios |
Distribution: Walt Disney Company |
Durée: 2h04 |
Sortie: 6 mars 2019 |