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«White Noise»: beaucoup de bruit blanc pour rien?6 minutes de lecture

par Mathieu Vuillerme
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White Noise © Netflix

Réalisateur phare du cinéma dit «indépendant» aux Etats-Unis, mais aussi scénariste pour Wes Anderson (La Vie aquatique, Fantastic Mr. Fox), Noah Baumbach collabore à nouveau avec Netflix et Adam Driver. Une première adaptation en demi-teinte.

White Noise nous présente les Gladney, bourgeois du Midwest pris dans une tempête sociale où se mêlent entre autres nuage toxique, dépendance aux médicaments et complot. Le film suit principalement Jack (Adam Driver), le père, professeur d’études hitlériennes (discipline qu’il a instaurée) à l’université, marié à Babette (Greta Gerwig), sa quatrième épouse, ainsi que leurs nombreux enfants. L’un des traits principaux de Jack est son angoisse face à la mort – à la sienne en particulier. L’explosion d’un camion de produits chimiques près de sa ville va alors précipiter cette famille dans un road trip absurde et foutraque.

Adaptation n’est pas raison

White Noise est une adaptation du roman Bruit de fond de Don DeLillo, sorti en 1985. Cette information pourrait paraître anodine, mais il n’en est rien. En effet, c’est la première fois que Baumbach adapte lui-même une œuvre préexistante. Et cela se ressent. Le film suinte la littérature et le dialogue lettré au point qu’il n’est que peu digeste. Certains effets de style et certaines ruptures à l’écrit ne passent en effet pas avec le médium cinéma. A mi-chemin entre adaptation théâtrale et publicité pop 80’s, White Noise aurait gagné à alléger son texte et à combler ce trop-plein par une mise en scène plus recherchée.

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Le principal problème vient en effet de son impossibilité à retranscrire les pages du roman d’origine dans toute sa complexité et son humour. On se surprend parfois à sourire face à une situation ridicule (la révélation finale), voire totalement loufoque (le débat comparatif Hitler-Elvis ou le fait que Jack, au vu de son domaine d’étude, ne parle pas allemand), mais c’est bien tout ce que le scénario a à nous offrir. Le roman était réputé inadaptable, c’est peut-être malheureusement le cas.

Un jeu (amphi)théâtral 

Si le film peine avec le scénario et la réalisation, il se rattrape en revanche sur le jeu de ses interprètes. Adam Driver (un peu) et Greta Gerwig (surtout) livrent une performance éclatante de justesse et débordante de contrastes par instants. Derrière sa permanente d’époque, Gerwig montre qu’elle n’est pas qu’une réalisatrice et scénariste de talent, mais qu’elle sait faire preuve d’une palette d’émotions lorsqu’il faut passer de la mère au foyer débordée à l’angoissée gobant des pilules tous les trois plans. Les enfants sont également tous justes dans leur interprétation, mais l’histoire ne permet malheureusement pas de juger équitablement leur jeu, tant certains sont en retrait – et les fréquentes erreurs de leur mère lorsqu’elle les appelle n’aident pas à les mémoriser.

White Noise © Netflix

Le casting offre également un joli panel de rôles secondaires, avec notamment Don Cheadle, Jodie Turner-Smith ou encore André 3000 en collègues de Jack. Or, ceux-ci sont tellement anecdotiques que c’est à se demander pourquoi le le choix a été fait de prendre des têtes connues pour les traiter comme le reste du corps professoral: des silhouettes dans le fond. Don Cheadle se rattrape quelque peu en professeur d’études contemporaines cherchant à ouvrir un cours sur Elvis et se voyant confronté à un autre enseignant ayant eu la même idée. Mais force est de constater que s’il n’était pas dans le script, le film se serait déroulé de la même manière. C’est malheureusement à cela que l’on remarque les rôles inutiles dans une distribution.

Une mise en scène trop calme pour la folie ambiante

Au vu de ce que le récit propose, on serait en droit d’attendre une caméra qui s’emballe, un rythme effréné, ou encore un montage plus punchy. Pourtant il n’en est rien. A peine une scène de foule en délire au milieu fait-elle espérer un réveil que le film se rendort aussitôt. Le cinéaste ne parvient pas pas à rendre son univers «vivant» quand on sait que son précédent métrage, Marriage Story (2019), bien que très «statique» dans ses événements, arrivait à captiver le spectateur.

Certains passages sont pourtant à retenir. Le dernier chapitre du film propose par exemple un bel hommage visuel à Brian De Palma (que Baumbach connaît bien pour lui avoir consacré un documentaire en 2015). Une autre scène amène une dimension horrifique surprenante et bienvenue. Ces séquences font cependant office d’îlots dans un film tourné en pellicule aux couleurs pastel criardes.

A l’apparition du générique de fin, qui n’a pas plus de sens que le reste de White Noise, mais qui pousse encore plus loin les curseurs du n’importe quoi, on se demande si l’on n’a pas assisté à une immense parodie.

Ecrire à l’auteur: mathieu.vuillerme@leregardlibre.com

Crédit photo: White Noise © Netflix

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