Le Netflix & chill du samedi – Ivan Garcia
Kengan Ashura, une nouvelle série d’animation japonaise produite par Netflix, a débarqué sur la plateforme de streaming en juillet dernier. Actuellement, deux saisons sont disponibles et, ce que l’on peut dire, c’est que les fans de baston sont servis. Techniques incroyables, grand tournoi, sang et autres fantaisies sont de la partie pour désigner le combattant le plus fort. Immersion dans le monde des «combats Kengan».
Ces dernières années, Netflix a commencé à diversifié son offre de séries et de films et, évidemment, le géant américain ne pouvait pas éviter de s’intéresser aux traditionnels animes japonais. Après avoir produit et diffusé Devilman Crybaby et Baki (2018) – dont nous parlerons peut-être une prochaine fois –, c’est au tour du manga Kengan Ashura d’avoir droit à son adaptation. Une fois n’est pas coutume, il s’agit d’un anime centré sur le combat – et on ne s’en plaint pas. Mais, au vu de la forte concurrence en ce domaine, il faut se démarquer. Et je crois bien que celui-ci se démarque par son scénario, ainsi que son design spécial.
Un scénario intéressant
Notre histoire commence dans une ruelle sombre. Caché dans un coin, Kazuo Yamashita, cinquante-six ans, modeste employé de bureau pour une filiale du grand Nogi Group, observe un combat de rue entre deux hommes. Le premier combattant, un colosse à la musculature titanesque et au dos tatoué est, aux dires de Yamashita, un «Terminator». Quant au second, c’est un jeune homme appelé Ohma Tokita, plutôt athlétique, qui cache son visage sous une capuche. Alors qu’Ohma semble condamné à se faire massacrer, il vainc avec aisance son Goliath d’adversaire. Yamashita est décontenancé… Et, à partir de là, sa vie change.
Rapidement recrutés par le chef du Nogi Group Hideoki Nogi, Yamashita et Ohma vont former un étrange tandem et entrer dans le monde des «combats Kengan». Depuis le XIXe siècle, au Japon, les entreprises recrutent des combattants pour s’affronter dans des combats organisés en vue d’obtenir certains contrats ou droits. Tout cela étant chapeauté par «l’association Kengan» et son diabolique président et directeur de la banque Dainippon, Metsudo Katahara, qui organise le tournoi «Kengan mort ou vif» pour choisir le prochain président de l’association.
Le scénario de cet anime repose donc sur un principe très simple, à savoir un grand tournoi, au sein duquel sont introduits une myriade de personnages différents avec leurs techniques, leurs psychologies et leurs histoires personnelles. Avant chaque combat, le combattant est présenté, il possède son propre thème musical et souvent au cours de l’affrontement leur passé est raconté par le biais de flashbacks. Le tout est assez plaisant mais, le nombre explosif de personnages (plus de trente-deux) fait que l’on s’y perd…
Rapidement, l’intrigue se concentre sur les protagonistes (Ohma et Yamashita), ainsi que sur quelques personnages secondaires qui, vraisemblablement, joueront un rôle prépondérant dans les prochaines saisons, comme le prodige du jiu-jitsu brésilien Imai Cosmo ou encore l’ennemi juré d’Ohma, le «beau gosse» psychopathe Kiryu Setsuna, à qui Omha voue une haine meurtrière car il aurait contribué à l’assassinat de son maître, Niko Tokita. Maître à qui Ohma doit son style de combat particulier «le style Niko», et dont on est bien curieux.
Un design réussi
Au niveau graphique, l’anime alterne entre des séquences généralement en 3D et la 2D ; cette dernière étant en général réservée aux scènes de flashback – ce qui leur donne un air cartoon – qui est plutôt réussi. Dans le domaine de l’animation japonaise, l’utilisation de la technologie en trois dimensions avait suscité beaucoup de rejets, car cela rendait les affrontements artificiels et peu fluides, comme cela était le cas dans Berserk (2016).
Or, la 3D sied bien aux affrontements Kengan qui non seulement s’avèrent fluides et dynamiques mais aussi beaucoup plus réalistes, tant au niveau des effets spéciaux que des anatomies des personnages. On notera également que l’adaptation ne manque pas d’humour en parodiant certaines figures et entreprises. A titre d’exemple, l’un des premiers combats présente un combattant, Adam Dudley, représentant pour Boss Burger et dont le PDG n’est autre qu’un certain Ronald Haraguchi, un clown aux cheveux roux et au costume jaune et blanc… Il en va de même pour d’autres entreprises de l’adaptation nommées Nentendo, Penasonic ou encore 22th Century FAX Corporation…
Cette première saison de Kengan Ashura, divisée en douze épisodes, pose les bases d’un univers riche qui, pour l’instant, ne se dévoile pas encore suffisamment. Notre esprit est ainsi assailli par plusieurs questions: d’où vient Ohma? Qui était Niko? Quand va apparaître le champion en titre alias «Croc de Metsudo»? Et ainsi de suite. Mais la qualité des combats, ainsi que la diversité des arts martiaux, est bel et bien au rendez-vous, ce qui est un réel plaisir.
Avec ce grand tournoi, Kengan Ashura redonne ses lettres de noblesse à cette étape obligatoire de tout bon manga et anime, «le fameux tournoi», véritable topos de l’imaginaire audiovisuel japonais. Au fur et à mesure que les épisodes défilent, le spectateur ne peut s’empêcher de compatir (et de se réjouir également) avec Yamashita qui, du jour au lendemain, se trouve propulsé dans un monde extraordinaire qui le sort de sa torpeur bureaucratique quotidienne. Ce qui est aussi un bon prétexte pour que la castagne soit au rendez-vous.
Ecrire à l’auteur: ivan.garcia@leregardlibre.com
Crédit photo: © Netflix