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Philosophie punk et renouveau d’un style3 minutes de lecture

par Hélène Lavoyer
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Le Regard Libre N° 37 – Hélène Lavoyer

A l’érosion du mouvement hippie qui avait déjà rejeté la société consumériste, les valeurs traditionnelles ainsi que les nombreux tabous et clôtures entre groupes sociaux, se dessine l’avènement d’un nouveau genre: le punk. Le mouvement qui naît à New York vers le milieu des années 1970 au travers de la scène musicale (The Ramones, Television, Suicide) se déploie ensuite au Royaume-Uni. Petite description de ce mouvement hors du temps et du monde.

Ses adeptes vivent au rythme de guitares électriques et piquent les regards par leur style atypique. Il ne s’agit cependant pas uniquement de «voyous» désireux de se faire remarquer; les punks portent une pensée et une façon de vivre, et poussent le cri contestataire d’une génération ayant subi la crise économique des années 1970 et la désillusion des idées hippies.

Philosophie de la révolte

Anti-capitaliste et anarchiste, la philosophie punk se démarque par la mise en pratique d’un certain nihilisme plus créatif que destructeur. Outrepasser les normes sociales devient un besoin, un processus impliquant de rejeter les institutions et les valeurs intellectuelles des groupes qui dominent la société, tout autant que d’y trouver des alternatives. 

Deux slogans dénotent particulièrement cet esprit: «Do It Yourself» (abrégé DIY) et «No Future». Attardons-nous sur le premier, qui se trouve issu d’une pensée préexistant à la culture punk et mettant en valeur la production comme la pérennisation de biens et ressources d’un individu par ses propres moyens – engageant par exemple l’affilié à cultiver sa nourriture, à créer ou à réparer ses biens plutôt qu’à en acheter de nouveaux ou compter sur une tierce personne pour le faire. 

Pour les artistes punks, il s’agit d’enregistrer et d’écouler des albums sans maison de disque – à l’image du disque Spiral Scratch de The Buzzcocks, le premier entièrement autoproduit. Ian MacKay, chanteur de Minor Threat, s’exprimait à ce sujet: «Je pense qu’il y a un paquet de travail organisationnel dont les gens n’ont absolument aucune idée. Ils imaginent généralement que le monde de la musique tourne avec des tas de gens chargés de faire ce boulot à ta place. Mais ce n’est pas punk rock. Nous venons d’un monde où l’on fait les choses nous-mêmes.»

Fidèles jusqu’au bout à cette vision protestataire, les esprits punks se créent un style individuel, personnalisé par des objets originaux; ils cousent, rapiècent, découpent les vêtements afin de les rendre atypiques. Mais la mode s’empare bientôt des codes récurrents de la culture punk, et cette dernière se doit de les réinventer sans cesse si elle souhaite encore être en cohérence avec son idéologie.  

«Etre punk», selon Johnny Rotten, chanteur du groupe Sex Pistols, «c’est trouver sa voie, son style, surtout ne pas suivre bêtement les autres».

Sex, ou l’empire punk Westwood et McLaren

Dès les Ramones et plus tard au Royaume-Uni avec les Sex Pistols ainsi que tous les membres de la «communauté punk», plusieurs objets, tissus ou motifs donnent au style punk ses caractéristiques iconiques. Parmi elles, le perfecto de cuir, les bottes Dr. Martens, les motifs excentriques tels que l’imprimé léopard, mais encore le kilt, les couleurs criardes ou les boucles d’oreilles faites d’épingles à nourrice.

A Londres, la boutique Sex répand des vêtements et objets insolites de la lignée stylistique punk. Le couple McLaren – Westwood (lui est le manager des Sex Pistols, elle une créatrice et designer mode encore discrète) écoule des stocks de T-shirts provocants, des chapeaux et autres créations Westwoood.

Le punk s’invite aux Fashion Week

Aujourd’hui, l’apparence punk défile sur les podiums des événements regroupant les plus grands couturiers de notre temps. Yang Li, jeune protégé du couturier Raf Simons, déjà connu pour son style excentrique, est l’une des étoiles montantes du monde de la mode. Les codes punks, le créateur en use et en abuse.

Du cuir, du noir, des dentelles et des résilles se superposent; ils s’affirment comme la nouvelle tendance, comme dans les créations de la maison Alexander McQueen, déjà iconiques. L’épingle à nourrice semble également faire son retour en format géant.

Pourtant, la reprise de ces caractéristiques stylistiques par le monde de la haute couture et par des artistes du genre trap (Travis Scott, Trippie Redd ou Asap Rocky) n’est pas celle de la philosophie punk. Leur arrivée dans le monde de la surconsommation constitue même probablement un déni de cet esprit hors du temps et du monde.

Ecrire à l’auteure: helene.lavoyer@leregardlibre.com

Crédit photo: © geckosadventures.com

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