Le Regard Libre N° 7 – Jonas Follonier
C’est au travers de longues soirées entre amis, d’occupations personnelles et de transmissions familiales que s’impose une vérité grandiose: le patrimoine francophone de la chanson – la «chanson» comme genre propre – détient un caractère exceptionnel.
Dans la musique rock, les paroles sont soumises à la musique; dans la musique rap par exemple, la musique est soumise aux paroles. La chanson française, elle, fait ce coup de génie de garder comme dans le rock une certaine soumission des textes à la musique; mais ces textes FRANÇAIS sont magnifiques et souvent antérieurs. C’est ce qui fait, selon moi, sa supériorité artistique.
Nulle autre culture que la nôtre ne connaît une telle passion générale, consciente ou non, approfondie ou non, avouée ou non, pour les titres qui ont bâti notre identité musicale et littéraire. Et quelle diversité, et quelle qualité, et quelle puissance, et quelle influence!
L’histoire de la francophonie telle qu’on la retient n’est rien d’autre que le reflet de La mer de Trénet, d’un Mistral Gagnant de Renaud, d’un Vladimir Ilitch de Sardou, en passant par des monuments aussi complémentaires que La maison près de la fontaine de Nino Ferrer et La Bohème aznavourienne. L’auteur-compositeur-interprète le dit lui-même: les sommets de la chanson française sont inatteignables. «Disséquez Yesterday, très grande chanson portée par une musique extraordinaire, elle ne sera jamais Avec le temps de Léo Ferré. C’est indiscutable.»
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Crédit photo: © Jonas Follonier pour Le Regard Libre