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Indépendamment du discours de l’UDC, la rancœur rurale existe4 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Jonas Follonier, rédacteur en chef du Regard Libre © Nathanaël Schmid pour Le Regard Libre

Le Regard Libre N° 78Jonas Follonier

La déclaration de guerre politique du président de l’UDC Marco Chiesa lors de son discours du 1er août a suscité la critique de tous les autres partis et de la plupart des médias. Il faut dire que le Tessinois n’a pas fait dans la dentelle:

«La politique des villes de gauche est la politique des parasites. Ils sont les champions du monde pour accaparer et dépenser l’argent que d’autres ont gagné. Comme les parasites, ils vivent aux crochets des autres. Pire, ils sont devenus les champions des parasites sociaux en faisant venir en masse dans notre pays d’autres personnes qui vivent aux crochets des Suisses. Nous déclarons la guerre à cette gauche moralisante et condescendante.»

Le ton n’est pas sans rappeler celui, en France, des opposants à la politique de la socialiste Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate à la présidence de la République. Dépenses pour le social et le culturel, mesures anti-automobilistes, cela ne plaît guère à une partie de la population, composée de personnes issues de tous milieux sociaux mais ayant pour point commun de ne pas approuver cette politique. Dans les campagnes, ces gens sont relativement nombreux. L’UDC a choisi d’en faire ses premiers électeurs, en les montant contre les «bobos», la «gauche caviar»:

«La gauche caviar et les moralisateurs verts des villes veulent dire à tous les autres habitants du pays comment penser et vivre. Ils considèrent la population rurale avec mépris et condescendance, tout en profitant des bienfaits des campagnes, par exemple grâce aux péréquations financières.»

On peut reprocher à ce discours de fête nationale d’accentuer les divisions un jour où devraient primer les mots rassembleurs. Surtout que l’UDC se targue d’être le seul vrai parti patriote. Quant à l’argument de la péréquation financière, il est plus que discutable. Or, il ne faut pas s’arrêter à ce discours. Celui-ci a annoncé en fait la nouvelle stratégie du parti, confirmée par exemple par le conseiller national genevois Yves Nidegger dans son billet «La gauche caviar: bailli du peuple suisse» publié par le journal de l’UDC Franc-parler.

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L’UDC s’est saisie d’un phénomène réel: le clivage villes-campagnes. Est-ce le renforcer que de choisir son camp? Peut-être. Mais c’est au moins le thématiser. Et il n’y a rien de surprenant à ce qu’une tactique politique évite la nuance, surtout de la part de ce parti, qui du reste assume ses généralisations.

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Reprocher à l’UDC de se saisir d’une fracture géographique, sociologique et politique est stérile. Il importe plutôt de rappeler que ces dernières années, plusieurs votations ont montré que les villes souhaitent imposer des contraintes aux motifs écologistes, que les régions concernées – les campagnes – ne voient pas d’un bon œil. Le refus de la loi CO2 par les campagnes et les votes d’un électorat PLR contre son parti a servi de douche froide à ceux qui croyaient l’affaire pliée. Ajoutons à cela le fait que la gauche aisée et citadine visée par l’UDC ne brille pas par sa tolérance envers les avis adverses sur les sujets sociétaux et nous devons reconnaître ceci: n’est pas forcément rassembleur qui se présente comme tel. Dès lors, construisons au lieu de critiquer.

Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Dessin: © Nathanaël Schmid pour Le Regard Libre

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