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«Girassol», ou le témoignage d’un hypersensible5 minutes de lecture

par Aude Robert-Tissot
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Les bouquins du mardi – Aude Robert-Tissot

Le premier livre de Julien Gonzalez-Alonso, Girassol, gravite entre deux thèmes centraux, l’art et l’amour, et s’avère l’autobiographie d’un homme hypersensible à la découverte de ses blessures. Face au foisonnement des ouvrages de développement personnel, ce livre est l’exemple même du récit authentique auquel le lecteur peut s’identifier et possiblement se sentir mieux, loin des pensées à tout prix positives.

Qui n’a pas lu, ou du moins n’a pas déjà été tenté par l’un des ouvrages fleurissant dans nos librairies préférées aux titres aguicheurs tels que Suis-je hypersensible? ou Le pouvoir du moment présent, en réponse à tous nos malheurs, à toutes nos névroses? Alors que certains de ces livres sont rédigés par des psychiatres, faisant l’éloge de disciplines telles que la méditation avec des preuves scientifiques à l’appui, d’autres – et ils sont nombreux – sont écrits par des amateurs du bien-être qui nous promettent de soigner nos psychés en nous apportant les clés pour mieux gérer nos vies et accéder enfin au bonheur.

A l’extrême inverse, il y a des ouvrages d’anonymes, aux titres et aux maisons d’édition mystérieuses. C’est le cas du premier livre de Julien Gonzalez-Alonso, qui dirige les Editions du Griffon (Neuchâtel), un marchand d’art enthousiaste et éclairé. Cela peut apparaître prétentieux pour un auteur d’éditer son propre livre ou au contraire, courageux. Une fois le livre achevé, on se tourne rapidement vers la deuxième option.

Julien est un marchand d’art essoufflé, avide de spiritualité. Il s’adresse à un ancien amour avec qui il a rompu abruptement à la suite de longues années de souffrance, une relation toxique au schéma qu’il connaît malheureusement trop bien. Ajoutés à cela le contexte de la pandémie et celui du confinement, Julien décide enfin d’écrire l’histoire de sa vie, pour guérir, se reconstruire, comprendre ses échecs par l’écriture et tenter ainsi de s’approcher d’un équilibre intérieur et, surtout, relationnel. La forme de son récit autobiographique – la deuxième personne du singulier – lui permet d’installer un certain effet de distance, notamment lorsqu’il se replonge dans un traumatisme d’enfance.

Certains psychologues qualifieraient Julien «d’hypersensible»: émotions exacerbées, hyperempathie… certains coachs diraient même qu’il est doté d’un pouvoir, qu’il possède un don. C’est ainsi que les auteurs des livres de développement personnel s’adressent à leurs lecteurs-surdoués, tout en les prenant pour des imbéciles heureux, comme si la complexité humaine se réduisait à des injonctions positives. Julien, lui, cherche à se guérir ou du moins à comprendre ses échecs par l’introspection qu’amène l’écriture du récit de sa vie. Libre ensuite à nous, lecteurs, de trouver certaines réponses à nos blessures ou nos schémas en se tournant cette fois vers l’autre, en s’identifiant à des récits personnels au pouvoir universel, tels que celui de Girassol.

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Si Julien est un homme sensible, c’est avant tout un homme modeste. Loin de lui l’idée de révolutionner la littérature; il avait simplement besoin d’écrire son histoire. Un premier livre avec quelques maladresses, mais qui nous touche par sa sincérité et son courage à se livrer sans faux-semblants à travers de belles et profondes réflexions.

«Tu vas peut-être croire que la confession que je fais sur ma vie et sur notre relation démontre à quel point je suis instable. Que la dualité de ma conscience – celle d’avant et celle dont je fais état – complexifie les rapports que nous aurons à l’avenir. Pour ma part, il n’en est rien. La seule personne que j’ai voulu explorer, c’est moi! Je n’avais pas encore pris le temps de m’interroger si je vivais dans l’amour? Il n’y avait qu’une seule répondre possible: oui ou non. Cette question, je me la suis posée dès que j’ai commencé à écrire. De toute évidence, il m’a fallu y répondre pour avancer. Il m’a suffi d’ouvrir mon cœur pour faire rayonner mes intentions, et ne plus être éphémère et cupide. Finalement, la délivrance pour retrouver mon équilibre est venue en allant puiser toutes les réponses à l’intérieur de moi, pour éclaircir ces parts d’ombre que je n’avais pas encore changées.»

Ecrire à l’auteure: aude.robert-tissot@leregardlibre.com

Crédit photo: DR

Photographie de la couverture du livre: Paul Rousteau

Julien Gonzalez-Alonso
Girassol
Editions du Griffon
2021
230 pages

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