La victoire, dimanche, du premier parti du pays au détriment des écologistes a bien eu lieu comme prévu. Mais ce n’était pas encore assez pour que certains commentateurs reconnaissent que l’immigration et le wokisme suscitent des critiques au sein de la population.
Il suffit d’avoir des conversations de tous les jours avec des gens de différents milieux pour être au courant que les dizaines de milliers de nouveaux arrivants en Suisse (plus de 80’000 personnes en 2022, soit un bon pourcent de la population) sont un motif de préoccupation et, disons-le, de ras-le-bol, auprès d’une partie des citoyens. Poser cela, ce n’est pas encore affirmer que cette préoccupation est justifiée. Mais juste qu’elle existe. Pourtant, on trouve encore des éditorialistes pour rappeler que l’UDC a imposé cette thématique durant la campagne et qu’au fond, c’est par ce travail de rabâchage que l’immigration est devenue l’un des trois principaux soucis des habitants de ce pays.
Tant de conditionnels dans les analyses, de citations derrière lesquelles se cacher, pour ne pas assumer cette évidence: la Suisse connaît la croissance démographique parmi les plus galopantes d’Europe et l’immigration qui en est la cause n’est de loin pas ressentie comme un bienfait par tous les habitants. Pas étonnant que l’UDC ait opéré une progression relativement forte (+2,3% des voix) aux élections fédérales de ce dimanche, récupérant deux tiers de ses sièges perdus lors du scrutin de 2019 et atteignant les 27,9%, loin devant le Parti socialiste (18,3%).
Alors oui, l’UDC est l’une des deux formations à disposer du plus grand budget, oui, elle communique des chiffres pas toujours exacts et sans le sérieux que le sujet exige, oui, le contexte international du terrorisme islamiste peut favoriser une demande de sécurité, mais ce qui suit est vrai également: les statistiques de criminalité de l’année passée montrent que 62% des meurtres, 65% des viols et 75% des vols sont le fait d’étrangers. Et certains résidents de ce pays, de nationalité suisse ou non, d’origine helvétique ou non, constatent simplement que les transports publics sont bondés, que la proportion d’élèves à ne pas maîtriser le français augmente, que le deal est largement pratiqué par une certaine population et qu’il est très visible dans certaines villes…
Sur le wokisme, un même aveuglement
Encore une fois, rien ne dit que l’UDC apportera une solution à ces problèmes. Ceux-ci sont néanmoins réels. Il appartient à tous les partis d’en prendre acte. Et cela vaut aussi pour les observateurs, qui ont été trop nombreux sur les plateaux et dans les colonnes de journaux à tourner autour du pot. On devrait pouvoir parler d’intégration, de sécurité, de dépenses sociales, d’asile ou de contingents au même titre que du pouvoir d’achat, un autre thème majeur de l’année. Par peur du réel, on préfère dénoncer son traitement par l’adversaire plutôt que de le regarder tel qu’il est.
C’est au fond ce même aveuglement qui pousse à ne pas prendre au sérieux le «sociétalisme» des Verts comme l’une des raisons, voire la principale, de leur échec national (-3,4%). Le wokisme parsème le petit monde académique dont cette formation écologiste est devenue le satellite, ne serait-ce que par le profil de ses élus. Cette tendance impopulaire à la dictature des ressentis et à la moralisation de tout a également bien fait son nid dans le domaine des médias. D’où la tendance à ne pas nommer ce grand éléphant dans la pièce, objet d’empoignades à la table familiale, et à résumer les événements à l’inflation et à ce qui se passe au Proche-Orient. Ainsi se renforcent les tabous. Et les partis qui en profitent peuvent jubiler: un bel avenir leur est assuré.
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com
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1 commentaire
Excellent article qui complète une publication que j’ai faite sur Facebook.
Je vous le livre ci-après. Cela permettra de réaliser la convergence des points de vue.
Enfin un média qui traite le sujet de l’immigration avec compétence et en respectant le devoir de neutralité auquel il est soumis… Voici donc cette publication, quote :
“Les dernières élections fédérales viennent de livrer leur verdict. Comme on pouvait s’y attendre, les Suisses ont voté en cohérence avec les préceptes d’un mouvement identitaire amorcé dans toute l’Europe. En toute logique, leur choix a sanctionné la politique immigrationiste voulue par l’UE comme celui des Européens la sanctionnera lors des prochaines élections européennes en juin 2024.
En portant une idéologie diversitaire, mondialiste et multicultiraliste, cette insitutution considère que pour des raisons économiques et culturelles ou multiculturelles, l’immigration est une priorité absolue. Dès lors, des populations en rupture avec notre mode de vie, notre culture et notre identité sont venues fragiliser la cohésion de nos sociétés occidentales. Voici quels sont les véritables enjeux de ces élections et des élections futures.
Le grand mérite des partis bourgeois, leur immense mérite, c’est d’avoir compris que dans cette équation, la puissance de l’alliance reste la seule solution pour résoudre le problème civilisationnel qui nous est posé.
Même le Centre, probablement ceux de Suisse-Alémanique et sans doute pas ceux du Conseil Municipal en Ville de Genève, ont cautionné cette union. Ils en ont récolté les fruits. En revanche, les Verts Libéraux, qui l’ont refusée, ne finissent pas de s’en mordre les doigts.
Enfin, un dernier mot sur Mauro Poggia. Même si ce dernier a pu prêter le flanc à la critique par le passé, il a tout de même démontré ses capacités lorsqu’il fut à la manoeuvre lors de la crise du Covid. Il mérite ainsi sa probable élection au Conseil des Etats. Son ancrage désormais résolument à droite, même si pondéré par des considérations “humanistes” de circonstance a fait de lui un élément incontournable de la politique genevoise et peut-être, si Dieu le veut, bientôt suisse. Reste le talentueux Pierre Maudet, absent lors de ce scrutin. Il possède, c’est une certitude, toutes les cartes en main pour permettre à notre canton et à notre pays d’encore progresser sur la voie du succès. Encore faudrait-il que ce dernier prenne toute la mesure du combat culturel que nos sociétés occdentales doivent mener. Cela passe, entre autres, par la réévaluation de son appréciation sur l’écriture inclusive. Last but not least, n’oublions pas de féliciter l’ami Roger Golay pour son succès tout aussi amplement mérité.”
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