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Critique

«Beau is Afraid»: une brume d’angoisse5 minutes de lecture

par Mathieu Vuillerme
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Joaquin Phoenix dans «Beau Is Afraid» (2023) d’Ari Aster © Ascot Elite

Fer de lance de l’elevated horror (le cinéma d’horreur plus artistique) depuis ses excellents Hereditary (2018) et Midsommar (2019), Ari Aster présente Beau is Afraid, entre conte horrifique et comédie noire. Mais est-ce que le film tient ses promesses sur 2h59?

Beau (Joaquin Phoenix) est un homme entre deux âges, terriblement angoissé par tout ce qui l’entoure. Il doit rejoindre sa mère à l’autre bout du pays pour un anniversaire. Mais un enchaînement d’événements, tous plus absurdes les uns que les autres, l’emmènera dans un voyage introspectif sur les traces de ses origines.

Un film impossible à résumer

Si ce résumé semble flou, c’est parce que le film l’est. Quasiment indescriptible, Beau is Afraid est une expérience presque plus sensorielle que narrative dans laquelle Ari Aster met en scène tout ce qui traverse l’esprit anxieux de son héros. Ainsi, les passants deviennent source de violence, les médicaments ne se définissent plus que par leur potentielle dangerosité, les voisins sont hostiles et Beau est en instance de mort.

Ce dernier a également de nombreux problèmes relationnels avec sa mère, castratrice self-made woman. Le lien entre enfance difficile et inquiétude constante est aisé à déceler, mais la transformation de cette idée en images aurait pu être manquée. Ari Aster étant cependant un excellent réalisateur, et il le prouve encore une fois par son sens de l’image et du cadre, toute l’action se déroule fluidement. Néanmoins, l’absence de réel contexte ou d’explication quant aux péripéties malencontreuses que traverse Beau n’aide pas les spectateurs à s’immerger dans cette histoire.

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Ainsi, si les événements se déploient très bien, si le public prend un réel plaisir à suivre les traumas de Beau et si l’image est inventive, le film peut se perdre bien tôt dans son concept, peut-être trop compliqué. Proche de ces romans fleuves qualifiés parfois de géniaux et parfois d’alambiqués, Beau is Afraid n’est pas un film accessible à tout le monde. Extension de plusieurs des cours métrages de jeunesse de son réalisateur (notamment Beau en 2011 et Munchausen en 2013), ce nouveau film explore les troubles de l’être humain avec humour et horreur, sans pour autant tomber dans le visuel sordide. Pourtant, il n’est pas exempt de défauts.

Une première heure très efficace

La première heure est globalement consacrée à ce qui a été décrit plus haut: un homme, frappé d’angoisses par une mère possessive, voit le monde se retourner contre lui. Cette première heure est assez magistrale, avouons-le. La caméra est inventive, Joaquin Phoenix est excellent, les événements se déroulent facilement. Toutefois, on commence à sentir que le film ne va pas aller beaucoup plus loin que son concept, et surtout qu’il reste encore deux heures au métrage.

De là, Beau croise une troupe de théâtre itinérant, un couple étrange, un amour de jeunesse, etc. Le tout, sans réelle cohérence narrative hormis le voyage introspectif. C’est à ce moment-là que Beau is Afraid perd pied. Le film n’est alors plus qu’une succession de moments absurdes qui entraînent le protagoniste dans des aventures improbables, pas toutes utiles, et surtout trop longues, avant de se terminer en queue de poisson.

Deux heures très laborieuses

Car c’est bien là tout le problème de Beau is Afraid: il s’agit probablement du film le plus inventif et le mieux réalisé depuis longtemps, mais c’est également celui qui gâche le plus son concept par excès. Toute action entreprise finira, on le comprend assez vite, par être déroutée par un élément absurde ou une terreur de Beau. Ainsi, le film n’est plus que déambulation vaguement drôle, et surtout brumeuse. Le point de vue étant sur ce que ressent Beau, tout devient donc métaphore, et plus rien n’a d’importance narrative. Surtout, cela se fait sur un rythme lent, aux antipodes du premier tiers, qui ne fait que regretter au spectateur un moyen-métrage qui aurait pu être fabuleux.

Le visionnage est néanmoins intéressant pour qui se passionne à chercher des symboles à tout va, l’humour d’arrière-plan, le jeu de Joaquin Phoenix. Et cette première heure jamais vue ailleurs.

Ecrire à l’auteur: mathieu.vuillerme@leregardlibre.com

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Beau Is Afraid (2023) d’Ari Aster © Ascot Elite

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