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A travers les vitraux d’Isabelle Tabin-Darbellay, la lumière4 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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atelier verrier michel eltschinger avec isabelle tabin @ yves tabin

Le Regard Libre N° 82Jonas Follonier

Après deux ouvrages comptant sur les textes de Jocelyne Gagliardi, Isabelle Tabin-Darbellay publie aux Editions Slatkine Un jour la couleur. L’artiste valaisanne y présente ses œuvres de laine et de verre, dont sa centaine de vitraux réalisés en Suisse et à l’étranger. Un travail d’orfèvre qui rime avec patience, transcendance…et dialogue complice avec le verrier et le tapissier. Grandiose.

Les églises d’Aire-la-ville et de La Neuveville, la cathédrale de Victoria aux Seychelles, la cathédrale Saint-Pierre à Lisieux en France et, dernièrement, l’Eglise de Saint-Martin, en Valais: cette petite sélection, parmi la centaine de lieux sacrés où des vitraux de la Suissesse Isabelle Tabin-Darbellay rendent visible la lumière, donne le vertige. Il vaut la peine de parcourir les presque 200 pages de ce nouveau livre d’art pour saisir le talent de l’artiste. Celle-ci ne s’est d’ailleurs pas contentée de concevoir ce recueil d’œuvres reproduites, comme elle ne se limite pas à la peinture dans son activité d’artiste: le lecteur découvre, grâce aux mots de l’auteure, toute la réflexion qui entoure sa création de vitraux et, plus récemment, de tapisseries.

vitrail isabelle tabin la neuveille
Eglise de La Neuveville (Berne, Suisse): «Une tension de tout le vitrail de la gauche vers la droite suggère un mouvement ascendant par la modulation des valeurs. Les tonalités plus sombres amènent des plages silencieuses d’où surgissent les lignes de force.» © Noël Aeby

Les expériences particulières de chacune de ces deux pratiques supposent une vertu, la patience:

«Dans les deux arts, l’œuvre tarde à se dévoiler. La pose du dernier vitrail est décisive. C’est l’instant où se révèle la lumière. De même il faudra attendre la tombée de métier pour voir la tapisserie. C’est un moment émouvant pour l’artiste et l’artisan qui ensemble ont porté le rêve et découvrent enfin le fruit d’un si long parcours. Ces vitraux et ces tapisseries, je les reconnais comme mes enfants, mais il est évident que sans ceux qui ont œuvré à mes côtés, jamais ils n’auraient vu le jour. Ils sont le fruit d’un travail commun.»

De ce travail commun, nous retenons également l’aspect technique auquel l’ouvrage nous donne accès, dans une optique de partage qui ne lésine cependant jamais avec la qualité esthétique et l’exigence du propos. Aussi, de beaux phénomènes sont mis en lumière, précisément, par ce qui est avant tout le récit d’une collaboration: le respect, la complémentarité, la complicité, l’enrichissement mutuel, l’admiration réciproque, l’amitié, la confiance. Le travail. Et quel travail!

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En fermant le livre, une seule envie nous étreint: celui de suivre le chemin des vitraux d’Isabelle Tabin-Darbellay, de localité en localité, comme un pèlerinage. L’art, c’est l’une de ses forces, parvient à unir croyants et non-croyants dans une rencontre avec ce qui nous dépasse, avec le transcendant, avec l’indicible. Ce voyage commence par les sens et se termine mentalement – et au-delà. C’est si haut. C’est si beau.

Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo: © Yves Tabin


Isabelle Tabin-Darbellay
Un jour la couleur.
Vitrail & tapisserie
Editions Slatkine
192 pages

Vous venez de lire un article paru dans notre édition papier (Le Regard Libre N° 82).

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