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«Blonde»: l’histoire d’une Marilyn Monroe désaxée5 minutes de lecture

par Leïla Favre
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marylin monroe blonde

Après plusieurs années sans long-métrages, Andrew Dominik réintègre tapageusement l’industrie du film avec sa production Netflix controversée. Sorti mercredi 28 septembre sur la plateforme, Blonde, un biopic fictionnel, adapté du roman éponyme de Joyce Carol Oates, raconte une vie alternative et romancée de Marilyn Monroe. Un portrait dramatique qui côtoie le fantastique et rencontre le scandale.

Le film retrace la vie de Norman Jeane, plus connue sous le nom de Marilyn Monroe. De sa triste enfance à sa mort tragique, le réalisateur affiche la rapide descente aux enfers de l’actrice. Cette relecture de la vie de l’icône américaine se concentre sur les lourdes médiatisation et chosification subies par Monroe, donnant naissance à une profonde souffrance psychologique.

Un visage hypnotisant

Outre la particulière cohabitation proposée par Andrew Dominik entre faits historiques et pures inventions, le film s’amuse des niveaux de réalité au sein de la diégèse. Le contraste entre le quotidien de Marilyn (Ana de Armas) et les nombreux accès à sa conscience tourmentée se manifeste par des procédés plus ou moins bienvenus. Bien que l’on comprenne la métaphore plutôt évidente opposant la vraie vie à celle du cinéma (opposition vaporeuse dans le cas de Marilyn Monroe), la volonté d’alterner les séquences en couleur et celles en noir et blanc reste un peu gratuite, comme d’autres clins d’œil tels que les fondus au noir et le format carré de l’image.

Les travellings avant et gros plans sur le visage de la pin-up fonctionnent, eux, très bien. Ces plans sont d’ailleurs l’atout majeur du film. L’actrice, très souvent cadrée au centre de l’image et toujours ancrée dans une certaine fixité, hypnotise par son jeu, son regard et ses expressions, rappelant la manière dont la caméra filmait les stars féminines à l’âge d’or des studios. Cette proximité permet de capter plus profondément les émotions de Monroe et accentue le caractère introspectif du film.

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Si l’accès à l’intériorité de l’actrice est soigné par la mise en scène et le cadrage, cette intériorité même est parfois très troublante. Les scènes de rêveries qui flirtent avec le fantastique donnent parfois au spectateur l’impression d’avoir affaire à un personnage franchement dérangé. Dès le début, l’accent mis sur la potentielle dissociation interne entre Norma Jeane et Marilyn Monroe propose la lecture d’une héroïne plus démente que mélancolique. Sans avoir à nous l’indiquer au moyen de scènes effrayantes et très explicites, nous aurions compris que ce délire psychotique est une stratégie de survie de la star face à son succès.

Blonde © Matt Kennedy Netflix

Un choix esthétique qui passe ou qui casse

Dans la même veine, certains plans et mouvements de caméra constituent des scènes extrêmement crues, parfois de mauvais goût. Il est évident que ces images ont de quoi déranger et il est compréhensible que le ton du film puisse déplaire. Mais c’est autour de cette brutalité que l’une des trames principales de l’intrigue se forme. Ces instants témoignent du non-choix de Marilyn, victime de sa beauté, de sa prestance et de toute l’effervescence qui en découle.

Ne nous attardons pas sur les scènes dans lesquelles Monroe est ramenée au rang d’objet sexuel. Notons simplement que le scénario présente trois liaisons aux profils distincts. S’il semble que la star reprend goût à la vie au sein de ses relations, enfin libérée de la solitude, le réalisateur révèle progressivement l’influence de ces amants. Tous semblent enfermer la vedette dans un rôle qui correspond à leurs attentes, et par extension à celle de l’audience de Marilyn. Au-delà de ces trois versions imposées de célébrité à Norma Jeane, certains plans larges de la foule retranscrivent admirablement l’impression d’étouffement qu’Ana de Armas réussit tantôt à exprimer tantôt à dissimuler.

Dans son ensemble, le film s’ancre dans une atmosphère très sombre qui contraste avec l’accoutumée image de Marilyn Monroe, cassant le mythe et exposant une partie bien obscure de sa vie. Ce point de vue est un choix singulier, mais au moins le film y reste fidèle de son commencement à sa fin. Préparez-vous à être un peu secoué.

Ecrire à l’auteure: leila.favre@leregardlibre.com

Blonde © Matt Kennedy Netflix

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Blonde © Matt Kennedy Netflix

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