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Filmer fait glousser Quentin Dupieux5 minutes de lecture

par Mathieu Vuillerme
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«Fumer fait tousser» de Quentin Dupieux © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - GAUMONT

Réalisateur, scénariste, monteur et chef opérateur prolifique, Dupieux passe un nouveau cap en sortant deux films la même année. Avec une histoire absurde à tiroirs, il revient en force avec un casting à contre-emploi et une «Tabac Force» surprenante.

Il est de bon ton de considérer Quentin Dupieux comme à part dans le champ cinématographique français; et pour cause, son irrévérence, ses castings toujours impeccables et son usage du pastiche savamment dosé en font un artiste de la marge. Après un Incroyable mais vrai sorti cette année – et franchement décevant – il propose une œuvre d’une inspiration pop et rétro garante du succès de ses précédents métrages.

Dès les premières minutes, aucun familier du réalisateur n’est surpris: la photographie rend hommage au cinéma français des années 1970, les plans sont léchés et les dialogues, pêchus et rythmés, fonctionnent. Fumer fait tousser commence par la présentation de son équipe de super-héros combattant un monstre de latex, hommage aux plus beaux épisodes de Power Ranger. Rien de surprenant au vu de l’esthétique des costumes – une pièce bleus et casques intégraux blancs –, jusqu’à ce que les membres décident de lui «provoquer un cancer» et que le monstre explose en hectolitres de sang et de tripes à faire rougir les Monty Python.

De l’enchâssement et de l’horreur

Les membres de la célèbre «Tabac Force» sont invités à prendre une retraite dans une forêt au bord d’un lac afin de renforcer leur esprit d’équipe. Ce team building sera l’occasion de revisiter le style du «film de feu de camp» où les histoires racontées sont toutes un savant mélange d’humour potache et d’horreur. Si le sujet semble ne pas pouvoir tenir la route plus de cinq minutes, ce serait oublier dans quel univers nous nous trouvons. La première histoire permet la présentation de têtes connues chez Dupieux (Adèle Exarchopoulos et Grégoire Ludig), mais également des nouveaux venus (Doria Tillier et Jérôme Niel) dans une relecture hilarante d’un pétage de plombs en vacances. Le deuxième récit présente une Blanche Gardin dans une position aussi inconfortable que surprenante, où la violence graphique côtoie le rire.

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Mais que seraient ces super-héros sans un leader et un antagoniste? Le brillant Alain Chabat joue ici le rôle de Chef Didier, marionnette de rat mutant dont une bave verte coule constamment de sa bouche. Pure inspiration des Feebles (Peter Jackson, 1989) pour le design, l’acteur livre une performance totale en manipulant le pantinet en le doublant. Le grand méchant est lui joué par un Benoît Poelvoorde en sous-régime, dont la présence à l’écran est si anecdotique qu’elle aurait pu être coupée au montage. On regrette sa partition considérable dans Au poste! en 2018.

Un scénario trop faible maintenu par les sous-intrigues

C’est en revanche par son histoire que Fumer fait tousser fait défaut. Si le début du film est prometteur, on se rend vite compte que celui-ci ne sert qu’à amorcer des sous-récits qui n’auraient pas eu droit à un long-métrage complet. Avec la mise en place de ce dispositif d’enchâssement narratif, Dupieux sacrifie le développement de ses personnages principaux dont certains n’ont qu’un trait de caractère, voire ne servent qu’à appuyer l’arc d’un autre protagoniste.

De même, on espère que chacun aura droit à «son histoire à raconter» afin de repousser l’inévitable fin du film que l’on sent finir en queue de poisson. Etant donné le choix de court-circuiter le schéma attendu pour un film de super-héros en les envoyant en retraite, on se doute bien que l’action ne sera pas la qualité principale de Fumer fait tousser. Pourtant, les histoires annexes maintiennent un intérêt certain; au point même que ce sont celles-ci qui auraient peut-être mérité une heure vingt de traitement.

«Fumer fait tousser» de Quentin Dupieux © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - GAUMONT

On retiendra en somme une belle performance générale des interprètes et un sens du tempo comique fonctionnant à chaque fois, comme toujours chez Dupieux. «Un divertissement inconséquent», comme il le dit lui-même, à défaut d’une histoire à fort potentiel correctement développée.

Ecrire à l’auteur: mathieu.vuillerme@leregardlibre.com

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Affiche «Fumer fait tousser» de Quentin Dupieux © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - GAUMONT

Crédits photos: © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS – GAUMONT

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