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«La Route»: le chemin sans fin3 minutes de lecture

par Fanny Agostino
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Les mercredis du cinéma – Edition spéciale: La coronarétrospective du cinéma d’anticipation Fanny Agostino

Adaptation du roman écrit par Cormac McCarthy, La Route suit le tragique destin d’un père et de son fils. Destin guidé par une fuite quotidienne alors que le monde n’est plus qu’un vaste terrain vague, dévasté par une catastrophe naturelle. Dans la crasse et la poussière, sous la menace permanente des autres survivants. Vivre avant tout, pour rejoindre le sud et un avenir.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle. Le célèbre vers du Spleen Baudelaire retranscrit à merveille l’ambiance de cet univers ravagé. Grisaille sans lumière, terre dépeuplée de ses espèces animales et végétales, froid glacial et bourrasques constantes. Un cauchemar de chaque instant. Un cauchemar pour le spectateur également puisque les immenses paysages, de la zone industrielle à la forêt, nous plongent dans un marasme dont on ne réchappera pas avant la fin du film. Pour seul contraste, ces flash-back – grande facilité du film  – dévoilent les clés de la vie d’avant et des conséquences de ces événements.

Where Do We Go Now But Nowhere

Seul indice sur la catastrophe, l’empreinte de l’homme sur l’environnement. Dans La Route, les informations sont données au compte-gouttes. Il ne s’agit pas tant de créer du suspense en retenant des éléments essentiels à tout récit – comme par exemple le nom de ce père et de ce fils – mais de se délester du superflu pour ne retenir que l’essentiel.

Un essentiel régit par la survie: se nourrir, établir un refuge pour la nuit, recommencer. Les dialogues sont courts, suffisants, à la Beckett. Le moindre effort doit être restreint pour rester vivant. «Garder le feu en soi», comme le dicte Viggo Mortensen alors que la plupart des hommes et des femmes se sont résignés à mourir plutôt que de survivre sans espoir.

Une relation père-fils

Une représentation du monde manichéenne, aussi: les méchants d’un côté, les gentils de l’autre, explique le père à sa progéniture. Né dans ce monde brisé, l’enfant campé par Kodi Smit-McPhee s’interroge sur ce monde et son but, se confronte aussi aux souvenirs de son père comme les fêtes de Noël ou la découverte d’un soda. Un fossé entre deux générations, deux manières d’exister se creuse. Des questions en émergent aussi: faut-il refuser le cannibalisme pour survivre, aider son prochain lorsqu’il en a besoin, résister à la pulsion de haine et de vengeance ou y céder? Il faut également souligner l’excellente bande originale de Nick Cave et Warren Ellis. Discrète mais distillée aux séquences clés du film, elle participe à cette ambiance de désolation sans en faire des tonnes.

Par ses séquences à la limite de l’insoutenable, La Route projette un monde violent qui n’est plus un monde. Les images ne sont pas violentes que sur le plan physique mais également sur le plan moral parce qu’il présente une décadence poussée à l’extrême: une survie des corps et des êtres au détriment de l’Humanité.  Si la fin est quelque peu décevante, La Route ne décevra pas les vrais adeptes des films de survie.

Ecrire à l’auteur: fanny.agostino@leregardlibre.com

Crédit photo: © 2929 Productions

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