Les mercredis du cinéma – Jonas Follonier
« Pourquoi tu es venue ?
– Le docteur a dit qu’il le fallait.
– Tu es venue juste pour ça ?
– Ouais. »
Telle est la première réplique de La Villa, un film racontant l’histoire de frères et de sœurs sexagénaires allant rejoindre leur père atteint d’une attaque, dans une calanque de la région marseillaise. Un film sur la famille, donc, mais aussi sur le temps qui passe et sur la manière de rester fidèle à des idéaux familiaux de bien commun et d’altruisme dans une société aujourd’hui capitaliste.
Ces questions peuvent paraître banales, et ce n’est pas la première fois que Robert Guédiguian les traite dans ses films. Cependant, La Villa a le mérite d’aborder ces problèmes de manière fine et économe, le tout dans des couleurs et des situations enveloppées de lyrisme. Quant aux acteurs, c’est l’excellence même : Ariane Ascaride dans sa tristesse, Jean-Pierre Darroussin dans son cynisme naturel, Anaïs Demoustier dans sa beauté, Gérard Meylan dans son humanité.
Par des dialogues épurés et des scènes significatives, le réalisateur réussit encore à introduire dans son vingtième long-métrage deux autres thématiques profondément captivantes. D’une part, l’amour, présent sous ses différentes formes : celui d’un fils pour ses parents, l’amour passionnel d’un jeune homme pour une comédienne plutôt âgée, celui d’un professeur à la retraite pour une de ses élèves. D’autre part, la question des réfugiés, plaçant ce film éternel sous la lumière de l’actualité.
Si cette composante-là accentue peut-être un peu trop la dimension engagée du long-métrage, La Villa se laisse apprécier pour son extrême finesse. Il s’agit d’un drame français comme on les aime, et ancré dans un autre environnement que celui de la capitale. Entre mélancolie et humour de goût, les spectateurs les plus sensibles laisseront sans doute échapper une petite larme, d’un sel sentant la mer et les secrets familiaux.
Ecrire à l’auteur : jonas.follonier@leregardlibre.com
Crédit photo : © Art Juice