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Guerre en Ukraine: puisse cette horrible surprise ne pas être vaine4 minutes de lecture

par Clément Guntern
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Article inédit – Clément Guntern

Dans quelle folie l’Europe est-elle retombée? Sous le couvert d’un discours insidieux et paranoïaque d’un autocrate caché au Kremlin, le continent connaît à nouveau la guerre. Vladimir Poutine ment au monde entier depuis très longtemps. Nous aurions dû savoir que le président russe n’était pas un homme de confiance. Tirons-en les conséquences.

Depuis bientôt vingt ans, toutes les formes de discussion avec Vladimir Poutine n’ont mené à rien. Les présidents américains et français ainsi que les chanceliers allemands ont tenté d’instaurer un dialogue avec Moscou, mais tous ont échoué. Est-ce parce que les Occidentaux n’ont cessé de «grignoter» le glacis défensif russe? Rejetons immédiatement cette logique, qui n’a aucune valeur dans un ordre international régi par le droit et la coutume des peuples civilisés: les Etats sont souverains, donc maîtres de leur destinées et du choix de leurs alliances, point final. Si la diplomatie connaît une défaite, c’était que, finalement, tout devait mener à cette guerre essentielle pour le dictateur Poutine.

Tout? Le renforcement et la modernisation de son armée, le glissement progressif de la Russie vers une société muselée, une centralisation du pouvoir dans la plus pure tradition des autocrates russes depuis Ivan le Terrible, les tests à répétition pour éprouver les hommes, le matériel et les méthodes en Géorgie, en Syrie, durant les élections américaines, en Crimée dans le Donbass ou en Centrafrique. Et notre réponse? De la mollesse et de la lâcheté.

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Après l’annexion de la Crimée, après la mise sous tutelle – pour ne pas dire également l’annexion – du Donbass, il était évident que de la part d’un dirigeant prédateur tel que Vladimir Poutine, le manque d’opposition ferme de la part de l’Occident serait perçu comme de la faiblesse. Un passage politique et militaire était donc ouvert que seul un dirigeant assez mégalomane oserait emprunter pour accomplir ses desseins criminels. A partir de ce moment-là, Poutine a dû avoir la conviction que l’Occident, et l’Europe en particulier, avait oublié la langue que lui-même parle à merveille, celle de la dissuasion et de la puissance. Quel que soit d’ailleurs son motif profond: désir d’expansion, peur des sociétés démocratiques et de leur effet potentiellement contagieux sur la population russe… ou les deux.

Le sort de l’Ukraine, même s’il n’est pas encore scellé, est bien mal engagé. Ce pays au cœur de l’Europe, et son peuple avec lui, ont été sacrifiés. Puisse cette horrible surprise ne pas être vaine. Les étroites limites politiques que se sont fixé les Occidentaux doivent être utilisées sans plus attendre pour apporter tout le soutien possible aux Ukrainiens: sanctions fortes, envoi d’armes aux Ukrainiens, etc.

Il est également impératif de réévaluer tous les autres dossiers tels que la Géorgie, la Moldavie et les Balkans et leur association à l’Union européenne et à l’OTAN, moyens les plus efficaces de la dissuasion qu’il reste entre les mains de l’Occident. Aussi, l’Europe de la défense, qui n’était encore qu’un besoin lointain le 23 février, est devenue une nécessité pressante, un des outils de la grammaire de la puissance à réapprendre. Hormis les quelques attachés de presse de Poutine, de Zemmour à Orban, qui se retrouvent aujourd’hui très empruntés, l’Europe a aujourd’hui la possibilité d’être cohérente avec elle-même et apparaît plus unie que jamais.

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Il importe d’acter une bonne fois port toutes, à l’occasion d’un passage marqué par une césure très nette, que nous sommes entrés dans un monde nouveau. Tout est désormais géopolitique; autant la construction d’un gazoduc, l’achat d’avions de combat ou la politique scientifique européenne. Le monde a changé. Il est grand temps de s’y adapter.

Ecrire à l’auteur: clement.guntern@leregardlibre.com

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