Le Regard Libre N° 38 – Jonas Follonier
«Dans le populaire 19e arrondissement de Paris, les juifs en font l’amer constat: leur vie quotidienne a bien changé.» Voilà comment débute le nouveau reportage de l’hebdomadaire français Le Point, publié le 6 avril dernier, très instructif sur ce phénomène plus que préoccupant. L’antisémitisme, perpétuelle plaie qui n’en finira pas de souiller l’histoire de l’humanité, est bien vivant, et son nouveau visage est double: islamique et d’extrême gauche.
Certes, les antisémitismes religieux et raciaux «traditionnels», développés au fil des siècles sous différentes formes, subsistent encore aujourd’hui dans le discours ou la pensée de certains intellectuels. Néanmoins, leur aura est presque insignifiante si on la compare à la provenance de la plupart des violences antisémites, physiques ou verbales, constatées ces dernières années. Un nouvel antisémitisme est né.
Cet état de fait s’impose particulièrement dans les banlieues françaises peuplées presque exclusivement de populations arabo-musulmanes, où «sale juif» est devenue l’insulte la plus répandue. Or, l’étendue du problème est plus large. Le reportage du Point cité au début de cet éditorial est particulièrement parlant. Peter, habitant du 19e arrondissement de Paris, témoigne: «J’ai grandi dans le quartier. Lorsque j’étais gamin, ma mère nous interdisait de rester à la maison. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Nous, les juifs, nous avons peur pour nos enfants.»
Du côté politique, l’antisionisme de plus en plus affiché de la gauche radicale a également de quoi inquiéter. Frôlant en permanence l’antisémitisme, les nouveaux défenseurs des damnés de la Terre en vont jusqu’à reprocher à Israël la mémoire de ses morts, qui étoufferait les victimes palestiniennes. Ce discours très porteur chez les jeunes, qui s’accompagne d’un complotisme effrayant et d’une posture anti-juifs manifeste chez des personnes comme Dieudonné ou Alain Soral, se répercute dans nos rapports sociaux, ici en Europe. Il est de notre devoir de combattre cette nouvelle haine de toutes nos forces.
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com