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Les titres qui nous ont marqués en 20226 minutes de lecture

par Le Regard Libre
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Films 2022 © Montage Indra Crittin pour Le Regard Libre

Cette année encore, nos critiques ont couvert une partie de l’actualité cinématographique en salle et sur les plateformes. Voici les films et autres créations découvertes en 2022 qui, d’une manière ou d’une autre, ne nous ont pas laissés insensibles.

Jordi Gabioud

Zabriskie Point (Michelangelo Antonioni, 1970)

Antonioni est un cinéaste d’aujourd’hui. Ou de demain. Dans tous les cas, il n’était pas de son époque. Un comble pour un réalisateur qui, pourtant, cherchait à décrire le réel qui l’entourait. Son œuvre est une tour de Babel vouée à s’effondrer et Zabriskie Point est le pinacle de la destruction. Ici, deux jeunes étouffés par le réel fuient dans le désert pour se perdre dans un amour éphémère avant que tout éclate. Et cette scène conclusive, qui se veut ancrée dans son époque avec ses téléviseurs cathodiques qui explosent sur fond de Pink Floyd, déploie son entière violence et sa force totale aujourd’hui. Malgré tous nos mots, les années demeurent les meilleures critiques.

RRR (S.S. Rajamouli, 2022)
Netflix CH

Le cinéma peine à sortir du bourbier entretenu par les plateformes de streaming, qui imposent une nouvelle tendance à lâcher le grand spectacle, plus assez rentable selon certains. Ce n’est ni Top Gun: Maverick ni Avatar 2, mais le blockbuster indien RRR qui fixe un nouvel horizon. A travers une intrigue d’amitié et de revanche de deux hommes contre le colon anglais, le film offre ce que le cinéma spectaculaire peut proposer de plus jouissif, de plus exaltant, sans jamais sombrer dans le cynisme de son collègue américain.

Leïla Favre

Bullet Train (David Leitch, 2022)
blue TV CH
UPC CH

Cela fait quelques années que je ne regarde plus de films d’action. Et ce, sans savoir si c’est parce que je ne les ai jamais vraiment aimés ou que j’en ai vu une quantité qui frise l’absurde avec mon grand-frère, lorsque j’étais enfant. J’ai même cette pensée, un peu méprisante, selon laquelle la comédie d’action est un genre inférieur à celui de l’action pure et j’évite au maximum de visionner les films où l’humour se mêle à la cascade.

C’est en écoutant un podcast que j’ai découvert Bullet Train. Les chroniqueurs étaient incapables de convenir d’un avis commun sur ce film. Quant à moi, honnêtement, j’ai oublié son existence dès la chronique terminée. Pourtant, un mercredi soir, j’ai décidé de visionner ce film, parce que je voulais me vider la tête et que les mercredis soir ne sont ni le début ni la fin de la semaine, et peuvent donc être un peu déprimants. Bullet Train a de loin dépassé mes attentes. Je me suis surprise à rire bon nombre de fois et me suis totalement immergée dans cette aventure loufoque et peu subtile. Malgré ses deux heures d’intrigue, Bullet train est un médicament efficace contre l’ennui. Loin d’être parfait, je le considère comme particulier, car il m’a fait redécouvrir la comédie d’action.

Broken Flowers (Jim Jarmusch, 2005)
Canal+ CH

C’est lors d’une rétrospective, dans mon salon, de l’œuvre de Jim Jarmusch que j’ai découvert ce film. Une douce claque. En même temps, le maître de l’errance a triché rien que par son choix de distribution. Y inclure Bill Murray en faisait déjà, selon moi, un carton plein. La combinaison entre la poésie jarmuschienne de l’habitude et l’acteur qui incarne à la perfection le «paumé détaché» ne peut qu’être un succès. J’ai toujours eu un faible pour les histoires qui semblent ne rien raconter mais qui, finalement, sont profondément révélatrices.

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Eh bien… Jim Jarmusch s’est joué de mes attentes: la fiction s’ouvre sur une histoire aux allures d’enquête qui ne sera qu’un prétexte pour en raconter une autre, peut-être moins récréative, mais profondément intéressante. Broken Flowers nous apprend à accepter les choses telles qu’elles nous sont présentées. Il y a parfois du bon dans le relâchement. A mon attrait particulier pour Bill Murray et son jeu s’ajoute celui du casting féminin, constitué par les charismatiques Sharon Stone, Tilda Swinton, Jessica Lange et Frances Conroy. La photographie, elle aussi, m’a fascinée. Chaque image est un tableau qui représente parfaitement l’esthétique du quotidien, notamment dans la mise en scène des intérieurs. Je n’ai jamais trouvé l’ordinaire aussi captivant, je retiens donc Broken Flowers comme une vraie révélation cinématographique et narrative.

Indra Crittin

Une cuvée légendaire (Radio Télévision Suisse, 2016)
RTS

Téléjournal de la Radio Télévision Suisse (RTS), avril 2016. L’un des reportages est réalisé en un seul plan-séquence, une rareté pour le petit écran. Au-delà du sujet, la prouesse technique surprend. Douze prises sont nécessaires pour maîtriser le timing de la sorte. Un résultat à la limite du superficiel, très chorégraphié, qui questionne la mise en scène de l’information – au moins explicite, ici.

L’enfer (Live Performance) (Stromae, 2022)
TF1

Un exercice de style rappelant l’interview de Stromae sur TF1, en janvier dernier, qui se conclut par une performance en direct singulière, en plan-séquence elle aussi: l’interprétation en exclusivité de l’un de ses nouveaux morceaux, avec un accompagnement instrumental ajouté au montage en direct pour l’audience. Une façon de se démarquer ainsi des prestations a cappella ou accompagnées d’un instrument, et d’en faire à la fois une parenthèse poétique et un remarquable coup de com’. De quoi prêter un peu plus attention aux images qui nous parviennent, et dans une démarche plus créative, de pourquoi pas brouiller davantage les frontières entre les différentes disciplines. 

Mathieu Vuillerme

Elvis (Baz Luhrmann, 2022)
blue TV

Que peut-on encore dire ou apprendre sur le King? Jamais une star n’a autant fasciné et été représentée ou pastichée à travers les arts. A travers un montage nerveux de trois heures et sous le point de vue de son manageur, Baz Luhrmann tente l’exercice de se réapproprier Elvis Presley et propose un film brillant, à l’esthétique pop, qui emporte le public dès le générique d’ouverture. Mais si la rock star est si bien mise en valeur, c’est essentiellement par son interprète. Austin Butler livre la performance de sa vie à seulement 31 ans. Reprenant l’accent, les tics de langage et la gestuelle de celui qui a bouleversé autant qu’il a renouvelé la musique américaine contemporaine, il en devient bluffant de mimétisme et se fait une place parmi les grands noms.

Mascarade (Nicolas Bedos, 2022)

Après les excellents Monsieur & Madame Adelman (2017), La Belle Epoque (2019) et le très honorable OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire (2021) – surtout compte tenu des nombreux risques à reprendre une série pareille –, Nicolas Bedos revient avec un vrai film acide. Ode aux comédies italiennes des années 50-70, aux dialogues savoureux de monstruosités et aux interprètes aussi brillants que magnifiés, Mascarade présente un couple d’arnaqueurs s’entichant chacun d’une proie afin de sortir de leur condition et d’accéder, enfin, à la richesse tant observée autour d’eux. Le montage – un des grands points forts de Bedos, qui s’associe à la même monteuse – donne un rythme fou à ce film: en accentuant le rire lorsqu’il est souhaité ou la violence lorsqu’elle est ordinaire dans ce monde faux ressemblant à une carte postale.

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Montage photo en couverture: © Indra Crittin pour Le Regard Libre

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