Les mercredis du cinéma – Marina De Toro
Tout commence avec Sylvain Marot (Franck Gastambide), policier à Paris, qui est muté contre sa volonté à la police municipale de Marseille. Ce transfert a surtout été effectué à cause de sa relation adultère avec la femme du préfet de Paris, mais il y a aussi ses prouesses en tant que pilote casse-cou et expérimenté qui n’ont pas joué en sa faveur. Arrivé à Marseille, Sylvain découvre son nouveau poste de police décrépi et sa nouvelle équipe composée de bras-cassés et de marginaux. Pourtant, il s’intègre rapidement et le travail ne manque avec l’ex-commissaire Gilbert (Bernard Farcy), désormais maire de Marseille, qui fait face à des voleurs italiens arrivant toujours à fuir en Ferrari. Le policier parisien comprend très vite que la traque s’annonce difficile, en particulier avec les véhicules utilitaires dont dispose la police municipale marseillaise.
Tradition et renouveau
Onze années après Taxi 4, Franck Gastambide remplace Gérard Krawczyk dans la réalisation du nouveau Taxi 5. Cette fois, le duo composé du chauffeur Daniel et du policier Emilien (Samy Naceri et Frédéric Diefenthal) n’est plus de la partie et la Peugeot 407 iconique de l’histoire se retrouve exilée de l’autre côté Méditerranée. De plus, les rôles sont inversés dans le nouveau duo; Sylvain Marot comme policier pilote et Eddy Maklouf (Malik Bentalha), petit-neveu de Daniel, en tant que chauffeur Uber marseillais très médiocre.
Et puis, il y a l’objet originel du film qui réapparaît tout de même: la voiture. Sans elle, le mythe Taxi n’a pas lieu d’être. En effet, si l’on veut que l’histoire débute réellement, la Peugeot 407 doit retrouver la place qui lui a été attribuée au départ, c’est-à-dire entre les mains d’un pilote à Marseille. Cela tombe bien pour Sylvain, car il en a besoin pour attraper le gang des italiens et c’est justement Eddy Maklouf qui possède les contacts pour récupérer la Peugeot, située chez son oncle au Maroc.
Face à ces nouveaux personnages, certains fondamentaux sont présents: le fameux «Alerte générale!», la montre bloquée de Gilbert, les nausées dans le taxi, les cascades en voiture et Pump it des Black Eyed Peas. Sans oublier, bien sûr, les quelques allusions à l’instigateur de la saga, Luc Besson. Quelques clins d’œil sont visibles à travers une scène d’amour dans la mer qui rappelle Le Grand Bleu ou encore dans une chanson faisant référence à Nikita.
Un divertissement, sans plus
Malgré tous ces efforts pour se rapprocher des premiers films, le résultat n’est pas convaincant. L’humour décalé et parfois lourd des protagonistes fait certes partie de cet univers, mais Taxi 5 ne fait qu’une succession de sketchs avec des gags clichés et incohérents. On peut cependant reconnaître que Franck Gastambide a donné du cœur à l’ouvrage, car il souhaitait faire revivre la saga de sa jeunesse en mêlant action à l’américaine et humour à la française
Néanmoins, même si le film ne suscitait pas une grande attente au niveau cinématographique, le scénario aurait pu être un peu plus élaboré et les personnages plus travaillés. En vain, les transitions sont mal amenées et certains personnages présentés au début du film tombent complètement dans l’oubli par la suite. On en attend plus en 2018 avec les moyens à disposition et les nombreux scénaristes déployés pour écrire l’histoire de ce long-métrage!
Le film n’est clairement pas un chef d’œuvre du cinéma, comme les autres Taxi d’ailleurs, et ils ne se revendiquent pas en tant que tel. Taxi 5 est donc un divertissement rudimentaire et rien d’autre. De plus, l’absence de Daniel et Emilien ne fait qu’accentuer l’illégitimité de cette nouvelle saga et le retour de la Peugeot 407 ne peut compenser cette défaillance. Finalement, Taxi 5 vise surtout un public fidèle aux réalisations de Franck Gastambide (Pattaya, Les Kaïra), mais ne correspond certainement pas aux fans de la saga désormais adaptée pour une nouvelle génération de spectateurs.
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Crédit photo: © Pathé Films