Les mercredis du cinéma – Jonas Follonier
Le film d’animation Astérix – Le secret de la potion magique est une grande réussite. En réunissant tous les ingrédients d’un film pour enfants, il enchante aussi les plus grands. Quelques impressions.
Un dessin animé? Suis-je vraiment en train de me rendre au cinéma pour voir ça? Telles étaient naturellement les pensées de l’être empli de préjugés que je suis. Heureusement, la curiosité est aussi toujours de la partie! Et quelle ne fut pas ma surprise positive face à l’écran, tant ce qui s’offrit à moi constitua non seulement un bon moment, mais un véritable spectacle. Comme diraient les Vaudois, j’ai été «déçu en bien».
Les ingrédients d’un bon film d’animation
Aller voir un dessin animé, c’est en quelque sorte aller assister à un destin animé. En effet, force péripéties, moult couleurs, nombre de personnages nous sont présentés dans un film d’animation réussi, comme c’est le cas ici. Astérix – Le secret de la potion magique, racontant l’histoire du druide Panoramix entraînant le village dans la quête d’un successeur pour ses dons magiques, a ce grand avantage de toujours garder le rythme. Que certaines créations contemporaines issues d’un septième art resté bloqué dans la Nouvelle Vague s’en inspirent!
Un film d’animation comme on les aime a aussi le mérite de compter sur une musique instrumentale de qualité. La musique classique sur laquelle s’ouvre le prologue d’Astérix est digne du grand Tom et Jerry. Mais à ce stade-là, vous n’avez encore rien vu, ou plutôt rien entendu. Attendez le lancement du générique. Là, les différents personnages – Gaulois, animaux, autres – se mettent à faire une sorte de chorégraphie hilarante, donnant lieu à ce que le philosophe français Henri Bergson définissait comme l’essence du comique: la raideur du mécanique là où on attendrait de la vie.
Déjà rien que les animaux sont risibles en soi: à bien y réfléchir, un animal, c’est drôle. C’est toujours drôle. Surtout dans un film d’animation. Pour la simple raison que, dans ce genre de cinéma, l’animal artificiel nous ressemble, ce qui signe d’avance une abondance de burlesque: qui serait assez prétentieux pour prétendre égaler l’homme, qui lui seul détient la clef de la langue, de la raison et – justement – du rire?
Rien que la voix de Christian Clavier est drôle
Arrêtons-nous aussi, si vous êtes encore avec moi, sur les voix off. Elément fondamental dans les films de ce type, les voix offertes aux personnages ont très certainement une grande influence sur le spectateur et son ressenti. Pour Astérix, c’est bien évidemment Christian Clavier qui s’y est collé, lui qui avait interprété le Gaulois dans les films. Un peu ridicule, se dit-on un instant en songeant aux cheveux blonds du pas si veux personnage doublé par un pas si jeune acteur. Mais quelle voix drôle!
Un dessin animé nous permet encore plus de nous questionner sur ce qui fait le caractère unique de la voix de ce Français ayant autant incarné Jacquouille dans Les Visiteurs que Claude Verneuil dans Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?. Et peut-être mettrons-nous le doigt sur un élément: la prononciation de la diphtongue nasale «in», ou «hein» si vous préférez. Imaginez Asterix, dans le design si typique des films d’animation actuels, et collez-y cette phrase prononcée par Clavier: «Qu’est-ce que c’est que ce zinziiin? Il est du coiiin?», ou: «Il est diiingue!» D’un drôle, mais d’un drôle!
C’est cela, le pouvoir du film d’animation. Et particulièrement d’Asterix – Le secret de la potion magique réalisé par Louis Clichy et Alexandre Astier. Nous faire passer un bon moment. Qu’on devine ou non les mécanismes du film. En somme, qu’on soit un enfant ou un adulte. Quant aux messages que le long-métrage peut véhiculer par rapport à la société dans laquelle nous vivons, pourquoi ne pas se dire que c’est secondaire? Amusons-nous, et mangeons du sanglier.
Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com
Crédit photo: © Pathé Films AG