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«Glass Onion» ou comment «s’emplennir» d’un bon film5 minutes de lecture

par Leïla Favre
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Glass Onion © Netflix

Après un premier hommage au genre du whodunit, Rian Johnson renouvelle l’expérience avec un détective plus loufoque que jamais. Gros plan sur Glass Onion: une histoire à couteaux tirés, sorti sur Netflix. Une enquête à se fendre la pipe… ou le cigare.

Glass Onion © Netflix

En pleine pandémie de Covid-19, des amis de longue date reçoivent chacun, sous la forme d’un casse-tête, une invitation à séjourner sur l’île grecque de leur richissime compagnon, Miles Bron (Edward Norton). Le groupe de nouveaux riches est convié à une murder party mettant en scène l’assassinat du milliardaire. L’illustre détective privé Benoit Blanc (Daniel Craig) reçoit, lui aussi, une invitation et se rend en Grèce pour élucider ce nouveau mystère.

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Changement de cadre et dose d’humour

Un des atouts de Glass Onion réside dans la correspondance parfaite entre les codes classiques du film d’enquête et l’environnement ultramoderne dans lequel se place l’intrigue. Contrairement au premier volet, qui exposait une investigation dans un manoir aux multiples secrets, Rian Johnson s’éloigne de la tradition en proposant une querelle mêlant influenceurs risibles, politiciens et scientifiques corrompus. Pourtant, la musique, les fondus enchaînés, la pluralité des points de vue et les hors-champ ne montrant que les ombres ou l’arme du crime sont un vrai plaisir pour les nostalgiques du genre.

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La mise en scène des nombreux personnages est particulièrement réussie. Le film illustre en effet très bien les rapports de force, jouant avec l’arrière-plan et la composition de l’image; dans chaque plan, les protagonistes sont présentés selon une hiérarchie physique qui intrigue le spectateur. Tous les codes sont donc honorés ou renforcés par d’autres procédés tels que les constants travellings avant sur le visage de Benoit Blanc.

Glass Onion © Netflix

Mais qu’en est-il de l’humour, élément primordial du genre? Daniel Craig a récemment déclaré dans une interview à Konbini que «la comédie n’est pas sa spécialité». Si l’on s’en tient à certaines adaptations des aventures d’Arthur Conan Doyle ou d’Agatha Christie, le comique fait bel et bien partie du whodunit. Eh bien, si la comédie n’est pas son fort, Craig cache bien son jeu.

Glass Onion est empli d’humour, par le comique de répétition et les caméos de plusieurs célébrités américaines, comme Serena Williams. Plus que tout, par le personnage de Benoit Blanc qui surprend toujours le public en oscillant entre naïveté complète et véritable génie. Ce dernier apparaît dans son bain, entouré de piles de livres, une bouteille de Ricard sur le bord et un cigare aux lèvres; il joue au jeu vidéo d’enquête Among US coiffé d’une chéchia. Entre détournement et cliché, ce personnage reste fidèle au premier opus dans sa fonction comique.

Sur une fausse piste

Autre ressource du film, le détournement. Rian Johnson manipule son public en déjouant son horizon d’attente. Avec plusieurs mises en abyme, quelques deus ex machina absurdes et pléthore de rebondissements, le spectateur est pris au dépourvu quant à la direction que prend l’enquête de Blanc. Le public est invité, au même titre que les personnages, à réfléchir et à se tromper. Le paradoxe concernant le rythme de la scène du meurtre illustre bien cette rupture face aux attentes des spectateurs: une séquence légèrement trop longue pour être complètement sérieuse, et pourtant trop courte pour être tournée en ridicule. Le public est ainsi troublé par l’atmosphère, hésitant devant le comique et la tension de ce moment clé.

Au-delà de ce bon équilibre entre humour et sérieux, la mise en place de l’intrigue, malgré sa longueur, séduit. La seconde partie du film laisse échapper une légère fausse note avec le récit enchâssé, qui offre des indices sur un plateau et enchaîne les révélations. Mais dans l’ensemble, le long-métrage s’avère une franche réussite. De quoi se réjouir du troisième volet en route: la suite des aventures du désormais célèbre détective, accompagné, on l’espère, d’un autre casting aux petits oignons.

Ecrire à l’auteure: leila.favre@leregardlibre.com

Glass Onion © Netflix

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