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«My Beautiful Boy», a beautiful movie3 minutes de lecture

par Kelly Lambiel
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Les mercredis du cinéma – Kelly Lambiel

My beautiful boy est un film touchant, subtil et bien réalisé qu’il serait très dommage de manquer. Nos impressions.

Ecran noir. Bruit de vagues. Une voix. Celle d’un père confus cherchant des réponses à ses questions. My beautiful boy s’ouvre en plan rapproché sur le visage à la fois inquiet et résigné de David Sheff, interprété par un Steve Carell qui, aussi touchant dans la comédie que dans le drame, déploie ici un jeu tout en sobriété. Il regarde la caméra et, à travers elle, semble s’adresser à la fois au spectateur et à quelqu’un que nous identifions au travers d’une voix-off comme étant un spécialiste des drogues dures. D’un ton ferme, il nous place ainsi d’emblée dans l’action en lançant deux questions: «qu’est-ce que cette merde fait à mon fils et comment je peux l’aider?» Cette ouverture in medias res donne le ton du film et nous invite à entrer dans la confidence et l’intimité d’une relation père-fils aussi inébranlable que fragile.

A l’inverse de la dramatisation

Entre analepses et retours au présent de narration, plans d’ensemble ou d’objets, scènes poétiques et contemplatives ou actions faisant progresser la trame, Felix Van Groeningen semble malmener de bout en bout la chronologie de l’histoire qu’il cherche à raconter. Cette histoire, inspirée des mémoires des véritables David et Nicolas Sheff, il nous la livre, de façon déroutante mais particulièrement efficace, en alternant les points de vue des deux protagonistes. La façon que chacun a de vivre la situation est ainsi mise en valeur dans sa singularité et, en même temps, dans les parallélismes qu’elle opère entre le père et le fils, le présent et le passé, les succès et les échecs, les périodes d’accalmie et de rechute, le temps de l’innocence et celui de sa perte.

En renonçant à la linéarité et en mélangeant l’ordre des événements, le réalisateur belge s’éloigne des clichés souvent associés aux films présentant des familles au bord de la rupture. Pas de disputes ultraviolentes ou de crises de nerfs supposées représenter le climax de l’intrigue, pas d’adolescent rebelle ou de parent dysfonctionnel interprétant tour à tour le rôle du méchant ou du gentil. Le tour de force réalisé par le cinéaste réside dans sa capacité à «dédramatiser» le propos, tout en mettant subtilement en lumière les souffrances et les dangers relatifs à un sujet aussi grave que celui de l’addiction aux drogues dures.

Une esthétique sensorielle

Si le film parvient à éviter l’écueil de la moralisation, c’est aussi grâce aux choix esthétiques du réalisateur. La texture, la lumière, la bande-son et, comme déjà mentionné, les ruptures narratives permettent en effet de «vivre» l’histoire plus que d’y assister. En tant que spectateur, nous avons l’impression à plusieurs moments du film que, nous aussi, nous sommes perdus comme les protagonistes. A certains moments, tout nous semble clair; et puis la séquence suivante vient tout chambouler et nous perdons à nouveau le fil de la narration.

Les scènes sont souvent très contrastées, mais le passage de l’une à l’autre est généralement opéré de manière harmonieuse, notamment grâce aux choix musicaux de Groeninger. De simples bourdonnements à l’opéra en passant par des sonorités plus rock ou des bruits d’eau, d’oiseaux ou de vent, il réussit même, parfois, à nous transporter dans un véritable univers sensoriel. Nous pouvons alors avoir l’impression, nous aussi, d’être dans un état de transe, de bien-être intérieur ou, à l’inverse, de ressentir la même panique que le personnage en fonction de l’adéquation ou non entre image et son.

Enfin, il est à noter que le film est magistralement porté par Steve Carell et Timothée Chalamet, qui à vingt-trois ans seulement a été nominé à trois reprises – aux Golden Globes notamment – dans la catégorie meilleur acteur dans un second rôle pour son travail sur le personnage de Nic Sheff. Tous deux ont su trouver pour leurs rôles respectifs le juste équilibre entre l’émotion et la retenue. Carell campe un père courageux particulièrement bienveillant et attachant, désireux de bien faire malgré ses limites et ses faiblesses, sans tomber dans la caricature. Quant à Chalamet, il a su donner à Nic, en toute élégance, les traits d’un jeune adolescent à fleur de peau en évitant les archétypes du héros romantique suranné.

Ecrire à l’auteur: lambielkelly@hotmail.com

Crédit photo: © Ascot Elite Entertainment

my beautiful boy
ÉTATS-UNIS, 2018
Réalisation: Felix Van Groeningen
Scénario: Luke Davies et Felix Van Groeningen, d’après David et Nic Sheff
Image: Ruben Impens
Production: Dede Garner, Jeremy Kleiner et Brad Pitt
Distribution: Timothée Chalamet et Steve Carell
Durée: 2h01
Sortie: 6 février 2019

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