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Joan Baez, «Whistle Down The Wind»3 minutes de lecture

par Le Regard Libre
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Les mélodies du jeudi – Karim Karkeni

Un article également consultable sur LeMurDuSon.ch

Dix ans qu’elle n’avait pas enregistré d’album. Le temps de laisser sa voix faire sa révérence aux aigus qu’elle tutoyait encore sur Day after tomorrow. Le temps de nous proposer un nid depuis lequel méditer sur l’espace et le temps, à 360 degrés.

Je mettais quelques livres en place, à la librairie, quand soudain le disque a commencé. Cette voix, qui directement m’a accéléré le cœur, est-ce que ce ne serait pas … ? J’ai levé la tête, croisé le regard de Gab.

« – C’est le dernier album de Joan Baez. Il se passe encore quelque chose, non ? » C’était Whistle Down The Wind, de Tom Waits. « Je ne suis pas du tout ce que je pensais devenir. […]. Je ne peux pas rester ici et je suis effrayé à l’idée de partir. Embrasse-moi simplement, maintenant et ensuite. »

J’étais déjà très ému, et voilà que commençait Be of Good Heart, de Josh Ritter.

Je n’ai jamais eu de boule de cristal
Je n’ai jamais eu de pierre de cristal
Je n’ai jamais prétendu tout savoir
Tout ce que je sais c’est ce que j’ai su
Et je sais que ce que nous avons eu
Je ne l’avais jamais eu avant

Et sur le I had never had before – ciel que tout cela sonne mieux en anglais –, la voix chancelle, sait qu’elle ne peut plus monter comme avant, mais s’accroche quand même à un petit coin du ciel où d’un nuage s’échappent quelques gouttes.

Je ne sais rien sur où tu vas
Ça ne signifie rien pour moi
Tu as des secrets que je ne connais pas
J’ai des cicatrices que tu ne peux pas lire
Je sais que ton passé n’est pas loin derrière
Je l’entends frapper à la porte
Alors si vraiment tu veux y aller
N’en sois que davantage un cœur bon.

La chanson d’après, c’est une reprise de Another world, de celui qui s’appelle désormais Anohni. J’ai découvert Joan Baez sur le tard, en faisant écouter Antony and the Johnsons à une amie, il y a douze ans, par la grâce d’un de ses précieux ricochets d’amour qui nous permettent de rester à la surface en dessinant quelques ondes d’émerveillements partagés. Voilà que c’est à présent elle qui puise dans son répertoire ; un clin d’œil personnel en forme d’étoile filante.

Un arbre, avec des ailes, avec des branches jouant de l’harmonica

Sur la couverture de son album, auquel elle a donné le titre du premier morceau, elle arbore ses septante-sept ans de manière rayonnante, le cheveux gris coupé court laissant toute la place à un sourire radieux ; Joan est entourée de quelques arbres amis.

Une lumière qui contraste avec le propos de l’album, dans lequel il est beaucoup question de la guerre et de la mort. Elle a dit avoir trouvé le juste équilibre entre son intimité et son implication citoyenne, une chanson de protestation avec davantage d’empathie et d’espoir que d’envie d’en découdre. C’est Joe Henry qui a produit, avec sobriété et délicatesse, ses envies.

Dès la première écoute, on fredonne avec elle, donnant la main à cette voix que les années ont superbement patinée ; elle semble désormais émaner d’une bâtisse surplombant l’Océan, ouverte aux quatre vents, chaque pièce disposée à vous recevoir selon votre humeur du moment.

On termine avec I Wish the Wars Were All Over, de Tim Eriksen. On a l’impression de se quitter autour d’un feu, quelque part en Irlande, après s’être raconté des histoires en se passant la guitare, après avoir déplié la carte de ses doutes et de ses espérances.

Ecrire à l’auteur : karim@lemurduson.ch

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