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Accueil » «Elles», quand la mère blesse

«Elles», quand la mère blesse4 minutes de lecture

par Sandrine Rovere
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Chirine Sheybani © Jay Louvion

Avec Elles, son troisième roman, l’écrivaine genevoise Chirine Sheybani nous invite à une plongée dans le cœur des femmes, notamment des relations mère-fille et leurs conséquences.

Il s’agit d’une histoire dont «les hommes sont les personnages secondaires». Avec son nouveau roman Elles, paru récemment aux éditions Cousu Mouche, l’écrivaine genevoise Chirine Sheybani donne une nouvelle fois vie à des histoires de femmes. Des femmes blessées, qui n’ont à priori rien en commun. D’un côté, il y a Jeanne, que son mari vient de quitter. De l’autre, Oriane, une adolescente que l’anorexie est en train d’éteindre à petit feu.

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Au fil des pages, se tisse une histoire en miroir. Le lecteur découvre Jeanne, une petite fille malheureuse, étouffée par une mère qui a sombré dans l’alcool et l’amertume. Son seul soutien est son grand-père viticulteur, qui l’emmène faire de longues balades dans la campagne genevoise. Mais cette bouffée d’oxygène s’éteint bien trop tôt et Jeanne se retrouve, à 14 ans à peine, seule pour empêcher sa famille de sombrer.

Oriane, de son côté, est devenue très jeune orpheline de père. Durant longtemps, sa mère n’a vécu que pour elle, à travers elle. «C’est toi et moi contre le monde entier», entend-elle souvent. Mais sa mère ne retrouve véritablement le sourire qu’avec un nouveau mariage et un nouvel enfant. Très vite, Oriane comprend qu’elle n’est pas à la hauteur. Manger trop – ou au contraire s’affamer – c’est devenir enfin digne d’être aimée.

Des rôles inversés

«Une femme qui s’occupe de sa mère, plutôt que sa mère s’occupe d’elle, j’avais envie de voir ce que ça donnait, j’avais envie de voir quel parcours ça créait», confie Chirine Sheybani. Ces petites filles sont certes des victimes mais ces personnages de mères ne sont pas non plus des marâtres. Ce sont au contraire des femmes avec une histoire, des femmes «qui ne pouvaient pas faire autrement», souligne l’auteure.

C’est cette multiplicité de l’expérience féminine qui intéresse justement Chirine Sheybani. «Ma voix ne pourrait pas être autre que féminine», explique-t-elle. Elle se dit heureuse d’être une femme. «C’est être quelque chose de particulièrement intéressant, multiple, rempli de défis, de complications. On a tellement de possibilités qui s’offrent à nous comme de barrières à franchir», raconte celle dont le père est iranien et la mère valaisanne.

Inspirée par Ramuz

Comment se construire quand les racines sont branlantes? Quand le bois est un peu tortueux, biscornu, comme le dit Jeanne? C’est la question que pose Chirine Sheybani dans ce livre.

Pour Jeanne et Oriane, le salut passe par la nature. En grande amatrice de Ramuz, l’auteure donne vie avec beaucoup de détails et d’attention à cette campagne genevoise, qui est le cadre de tant de ses promenades. Ensemble, la fille de viticultrice et celle de fleuriste plantent des graines qui vont commencer à germer. Et elles vont, pourquoi pas, accepter de continuer à vivre, malgré la douleur.

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Chirine Sheybani
Elles
cousu mouche

2022
232 pages

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